Guide d’achat – La Stratocaster dans tous ses états – GUITARE XTREME

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N°133

Guide d’achat – La Stratocaster dans tous ses états

Vous le sentez venir le retour en puissance de la Statocaster ? Un peu délaissée par les guitaristes ces quinze dernières années au profit de guitares plus “hype” (Telecaster, Les Paul, guitares offset et autre Gretsch à Bigsby), le modèle phare de l’histoire de la guitare électrique retrouve de sa superbe, et gageons-le, pour le meilleur. Véritable prouesse en termes de design et d’ergonomie (les lignes du corps et de la crosse ainsi que les chanfreins), la Stratocaster est également une réussite sur le plan sonore, avec ses trois micros lui prodiguant une redoutable polyvalence (une qualité pouvant être un défaut pour certains) et son vibrato dit “synchronisé” absolument révolutionnaire pour l’époque. Bien sûr, Fender n’a cessé d’améliorer la Stratocaster au fil des années, avec de bonnes et de moins bonnes périodes. Il se trouve que la marque phare de la guitare “made in USA” tient en ce moment la grande forme, et lance sur le marché des produits hautement qualitatifs, et pas uniquement dans le créneau du Custom Shop comme on l’entend dire souvent. Dans le même temps, le concept unique de la Strato n’a jamais cessé d’inspirer et de faire rêver d’autres fabricants, gros, moyens ou petits, qui tentent de proposer des visions alternatives du mythique instrument, et d’occuper des segments de marché porteurs. Guitare Xtreme Magazine s’est donné comme mission de dresser un état des lieux du marché en compagnie des guitaristes Yoann Kempst, grand spécialiste de la Strat (son album Taming the Animal vaut franchement le détour) et Jonathan Joubert, directeur de l’American School of Modern Music. Ils ont sélectionné avec nous quinze modèles imparables qu’ils ont testés devant nos caméras sous la direction de Régis Savigny (vous accéderez aux vidéos en scannant les QR codes ou en vous rendant directement sur notre chaîne YouTube). Let’s plug!

Suhr Classic Pro Serie

Le bon compromis

Une jouabilité diabolique alliée au son authentique de la Stratocaster ? Oui, c’est « presque » possible grâce au Californien John Suhr, véritable Willy Wonka de la guitare électrique. « Presque » parce qu’au-delà d’un certain degré d’agressivité dans les attaques de main droite, le son a tendance à s’écraser naturellement. Le rendu reste très musical, mais cela limite un chouia la palette expressive de l’instrument dans le registre des sons clairs qui claquent vraiment. En tirant les cordes aiguës (slap, chicken picking vigoureux), on arrive vite au taquet. Cela peut être une qualité ou bien un défaut selon ce que l’on recherche, mais oubliez Muddy Waters et SRV, car cette Classic Pro Series, que l’on pourrait qualifier de « strat Hi-Fi » ne conviendra pas à la musique sauvage. En revanche, pour tout le reste (blues moderne, funk, fusion, variété), elle fait un carton plein. Le manche profilé en C arbore un érable à tomber par terre (l’avantage d’une marque comme Suhr c’est aussi de tomber sur des essences ultra sélectionnées), et la planification des frettes (medium stainless), juste somptueuse, autorise une action ultra basse sans frisottis. Le talon chanfreiné offre un accès sans aucun stress jusqu’à la 22e case, ce qui est très appréciable. Côté sonorités, les amateurs de Strat retrouveront leurs petits grâce à un trio de single coils V70, avec en prime la tonalité branchée sur le micro aigu, et cette compression naturelle, donc, propre aux guitares modernes. Noter que la guitare est équipée du système noiseless Suhr SSC. La Strat du session man exigeant, taillée pour la précision du studio !

Corps : aulne
Manche : érable (profil C)
Touche : palissandre indien
Micros : Suhr V70 + système noiseless SSC
Vibrato : type vintage
Mécaniques : blocage
Finition : Inca Silver
Prix : 2400€
Importateur : Guitars Rebellion
http://www.guitarsrebellion.com/

Pour :
– la jouabilité exceptionnelle
– la qualité des essences
– l’assemblage au top
– les micros

Contre :
– un certain manque d’agressivité

Sandberg STS

Guitarporn Star !

Premier point important : les Allemands de chez Sandberg ont le chic pour nous sortir des guitares sexy qui tapent à l’œil. Ici, la réinterprétation des contours originaux de la Strat est vraiment très réussie, et le boulot concernant le reliquage mérite notre admiration. Quand on a une envie irrésistible de jouer avec une guitare, c’est toujours un bon commencement. Let’s play! Première constatation, le tirant très light des cordes, montées en usine, bride l’instrument. Il est impossible de bastonner sur les cordes graves sans que le son ne « dégueule ». Pour continuer avec les choses qui fâchent, le vibrato présente une inertie gênante en début de course. Ce problème pourra être corrigé avec le choix d’une tige plus rigide, ou un travail au niveau du réglage. Cependant, le bloc est massif, ce qui prodigue un bon sustain à la guitare. Côté qualités, la guitare se montre très agréable à jouer, et offre tous les sons que l’on est en droit d’attendre d’une bonne Stratocaster, et même un petit peu plus, avec des positions intermédiaires très claquantes et creusées. Une guitare très attachante !

Corps : swamp ash
Manche : érable du canada (profil C)
Touche : maple
Micros : Sandberg 60’s Vintage Power
Vibrato : Sandberg
Mécaniques : Kluson vintage à blocage
Finition : Creme Hardcore Aged
Prix : 1570€
Importateur : Fred’s Guitar Part
http://www.fredguitar.com

Pour :
– le reliquage hyper réaliste
– les sonorités
– le confort de jeu
– les petits potards faciles à manipuler

Contre :
– L’inertie du vibrato
– Les mécaniques à blocage avec vissage sur le dessus

Music Man Cutlass

Vintage vers le futur

Qu’est-ce qu’elle est bien cette Cutlass, grand classique de chez Music Man au début des 80’s qui a fait récemment un comeback remarqué… Un chouia aseptisée peut-être ? Pas forcément, et les avis entre nos trois testeurs sont partagés. Soyons francs : le grain de cette guitare n’est pas vintage dans l’âme, et elle se montre un peu trop précise en comparaison des Stratos que l’on connait, mais on peut quand même l’utiliser pour envoyer du rock’n’roll avec beaucoup de matière. Surtout, nous retrouvons intactes les sonorités qui ont forgé la légende. Cette Cutlass est définitivement une réussite, dans la mesure où elle présente la personnalité d’une Strato tout en restant une Music Man dans l’âme. L’instrument est facile à jouer, avec son manche type 60’s légèrement profilé en V, mais ne s’adresse pas pour autant aux feignasses. Il faut quand même aller chercher le son un minimum pour que ça vive. Nous sommes peu ou prou dans la même catégorie que la Suhr, à la différence de prix près. Mention toute spéciale pour le vibrato Modern de chez Music Man, qui est de loin le meilleur sur le marché à l’heure actuelle, et dont la stabilité et la maniabilité ne sont plus à prouver. Une très belle guitare redoutablement efficace !

Corps : aulne
Manche : érable sélectionné (profil C)
Touche : maple
Micros : Music Man Custom (avec l’option Silent Circuit)
Sélecteur : 5 positions
Vibrato : Music Man Modern (avec pontets style vintage)
Mécaniques : Schaller M6 IMD à blocage
Finition : Ivory White
Prix : 2089€
Importateur : High Tech Distribution
http://www.htd.fr

Pour :
– le vibrato juste ultime
– la fusion Fender/Musicman très réussie
– les sonorités toute très belles
– la jouabilité

Contre :
– Un peu froide (avis subjectif)

Fender Stratocaster Eric Johnson Signature

La gratte à Ricco !

L’avantage du modèle Eric Johnson, et la raison pour laquelle nous avons choisi de le faire figurer dans ce dossier, c’est qu’il fait largement le boulot d’un bon instrument custom shop, et ce pour beaucoup moins cher. Un très bon plan, donc. La qualité numéro un de cette Eric Johnson, c’est son manche en érable quartersawn (découpe sur quartier ou transversale). Cette manière de débiter les manches, qui est normalement l’une des bases de la lutherie (puisqu’elle utilise la partie la plus robuste de la tranche d’érable) a été progressivement abandonnée pour des raisons économiques au profit de la découpe dite « slab », c’est à dire dans l’alignement des fibres de l’érable, ce qui occasionne beaucoup moins de chutes de bois. Pourtant, à l’arrivée en termes de densité, il n’y a carrément pas photo. Autre bon point : les mécaniques Kluson sont étagées. En décodé, l’absence d’œillets de rétention offre à l’instrument une meilleure résonance, et une meilleure tenue de l’accord. Le travail sur l’électronique est remarquable, puisque la folie obsessionnelle du maître en matière de son s’est appliquée à la conception des trois micros, dont les caractéristiques sont très différentes. Pour faire simple, le bridge, scintillant, mais jamais agressif, est un alnico V, le micro central reprend les spécificités des simples Fender du milieu des 60’s, et le micro manche, surbobiné, s’inspire de ceux des Strats du début des 50’s. Le vibrato a été lui aussi amélioré. Le bloc métallique surdimensionné sous le châssis en augmente l’inertie, et par delà le sustain. Hormis ces quelques spécificités, cette EJ Strat se joue très bien, et effectue finalement le boulot… d’une très bonne Strat ! Le bon outil par excellence !

Corps : aulne
Manche : érable quartersawn (profil soft V)
Touche : palissandre
Micros : trois single-coils Fender spécialement conçu pour Eric Johnson
Sélecteur : 5 positions
Vibrato : Fender style vintage à inertie renforcée
Mécaniques : Kluson style vintage étagées
Finition : White Blonde
Prix : 2729€
Importateur : Fender France
http://www.fender.fr

Pour :
– le manche maple quartersawn
– la conception des micros et les sonorités
– les mécaniques étagées
– La qualité d’un custom shop pour beaucoup moins cher

Contre :
– rien

Fender Stratocaster American Pro

Après la révolution !

Nous voici en présence de l’itération 2017 de la Stratocaster, soit le nouveau modèle de base « made in USA », ou encore, comme le proclame Fender avec son slogan publicitaire savamment étudié : « l’évolution d’une révolution ». Alors une question : comment on fait pour améliorer ce qui est déjà parfait ? Réponse : en offrant des specs « pour les pros », et en confiant, par exemple, la conception d’un nouveau set de micros à un certain Tim Shaw, le fameux sorcier maison du pickup. Ainsi, les bobines des trois single-coils équipant cette American Pro, les V-Mod, se composent de « demi-aimants » afin de combiner plusieurs types d’Alnico (II et III pour le micro manche, II et V pour le micro milieu, et V tout court pour le micro chevalet). Résultat, le caractère initial de chaque micro ressort avec encore plus de pertinence et l’équilibre sonore entre les trois frôle la perfection. Autres améliorations : le profil de manche moderne (un C pas trop épais) octroie à l’instrument une jouabilité top moumoute et la tonalité est reliée au micro aigu (ce qui devrait être obligatoire sur TOUTES les Stratos). On regrette simplement, que Fender n’ait pas planché sur un talon plus ergonomique afin d’accéder à la 22è case sans pénibilité. Les nouvelles finitions sont très belles, à l’image de ce Sonic Grey, qui rappelle un peu l’aspect des Strat Plus des années 80. Mais comme le dit si bien l’ami Régis Savigny : « Il va quand même falloir qu’elle se prenne quelques coups dans la tronche pour que ça devienne supportable ». Une excellente Strato !

Corps : aulne
Manche : érable (22 frettes Narrow Tall, un peu plus hautes que des semi-jumbo, profil deep C)
Touche : palissandre
Micros : trois single-coils V-Mod conçus par Tim Shaw (avec le circuit Treble Bleed)
Sélecteur : 5 positions
Vibrato : Fender style vintage avec tige Pop-in
Mécaniques : Fender à bain d’huile
Finition : Sonic Grey
Prix : 1669€
Importateur : Fender France
http://www.fender.fr

Pour :
– les micros V-Mod et les sonorités
– la jouabilité
– le look

Contre :
– un talon profilé aurait été un plus

RebelRelic S-Series 62

Elle vend du rêve !

Cette jolie pelle, qui semble en avoir vu de toutes les couleurs, confirme ce que nous avons toujours pensé concernant les merveilleuses guitares de Luke Whitfield. Non seulement elles sont exceptionnellement bonnes et belles (bonjour la qualité du reliquage sur le corps, qui donne l’impression que la guitare a été traînée derrière une moto), mais en plus, elles donnent dans le « prêt à jouer ». Pour faire simple, vous sortez la S-Series 62 de l’étui, vous la branchez, et elle sonne tout de suite, sans avoir besoin d’ajustement supplémentaire. Ça fonctionne ! Le reliquage est un peu moins crédible sur le dos du manche et l’accastillage, mais on ne va pas chipoter. Côté son, nous retrouvons le grain rocailleux de la Strat comme on l’aime, avec la petite pointe de zingage qui va bien. Les trois Rebel Vintage S.R.V font bien le boulot. Un peu plus creusés que les micros Strat des 50’s, ils ont le « Texas Flood », et excellent dans un registre funky un peu sale (vous avez dit John Frucsciante ?). Côté confort, la S-Series se fait tout simplement oublier. On la joue sans se poser de questions, et il y a de la matière partout sur le manche. En fait, il n’y a rien d’extraordinaire en soi. Whitfield fait le boulot tel qu’il devrait toujours être fait. La classe !

Corps : aulne rouge
Manche :
érable (profil C)
Touche :
palissandre indien
Micros :
trois single-coils Rebel Vintage S.R.V
Sélecteur : 5 positions
Vibrato :
Fender reliqué
Mécaniques :
Kluson vintage
Finition : 3-tone sunburst heavy aged
Prix :
2695€
Importateur :
Imusic France
http://www.rebelrelic.com/

Pour :
– le côté « prêt à jouer »
– le reliquage du corps
– le confort de jeu
– la qualité de l’assemblage digne d’un gros custom shop

Contre :
– reliquage approximatif sur le dos du manche et l’accastillage

Schecter Traditionnal USA Production Series

Californication

Voilà une guitare qui s’adresse clairement à ceux qui ont fait leurs classes dans les années 80, décennie durant laquelle David Schecter distillait au compte-gouttes ses guitares d’exception, épaulé par un certain Tom Anderson. Ses créations finissaient généralement entre les mains de l’élite des session men californiens. Cette Candy Apple Red a été fabriquée artisanalement dans le custom shop de Schecter, situé à Sun Valley en Californie, ce qui explique son prix prohibitif. Au premier abord, elle n’a rien pour elle, cette Strato, avec son look extrêmement suranné. Certaines copies Tenson ou Hondo n’avaient pas l’air aussi cheaps. La teinte Candy Apple en elle-même est plutôt réussie, mais des capots de micro blancs et un pickguard de meilleur aloi auraient été bienvenus. Évidemment, côté son et jouabilité, la guitare nous raconte une toute autre histoire. Déjà, il y a ce manche profilé en C au radius très plat, qui fait de cette Candy une autoroute à débouleries (surtout que les frettes jumbo sont planifiées v’la) et puis les micros qui patatent bien. La tonalité fonctionne vraiment, ce qui confère à la guitare une palette de sonorités très large. Tonalité ouverte, le bridge envoie tellement qu’on est presque dans le domaine de la Super Strat. Le vibrato Schecter est à la fois lourd et maniable, un peu comme sur la Eric Johnson. Un avion de chasse qui risque hélas de souffrir de ses carences esthétiques, et c’est bien dommage. Des capots de micro blancs, on vous dit !

Corps : aulne
Manche : érable (profil C)
Touche : palissandre
Micros : trois single-coil schecter Pasadena bobinés main
Sélecteur : 5 positions
Vibrato : Tremolo Schecter Vintage
Mécaniques : Schecter à blocage
Finition : Candy Apple Red
Prix : 3115€
Importateur : High Tech Distribution
http://www.htd.fr

Pour :
– le manche autoroute
– les sonorités
– la fabrication qui donne dans la très haute couture

Contre :
– le look assez rédhibitoire

Maybach Stradovari S61

Tout se mange… sauf la tête !

Les guitares de l’Allemand, Toni Götz, commencent à jouir d’une sacrée réputation auprès des professionnels. Nous avions déjà eu entre les mains les versions maison de la Les Paul (Lester), de la Telecaster (Teleman) et de la Mustang (Jazpole), et c’est avec la bave aux commissures des lèvres que nous avons déballé cette Stradovari. Le sunburst trois tons légèrement reliqué avec des craquelures façon « weather shaking » est très réussi, mais le bât blesse au niveau de la crosse dont la découpe en bec de perroquet n’est pas franchement esthétique. Question de goût ! Hormis ce détail, la S61 est conforme aux Stratos du début des années 60. Le profil de manche en C est intermédiaire, nous avons une touche palissandre type slab, mais un radius pas trop prononcé. Les micros Amber produisent des sonorités riches, corpulentes et patatantes mais jamais agressives. On obtient quelque chose d’assez rondouillard sur le grave, de pas trop « edgy » sur le bridge (heureusement, puisque la tonalité n’agit pas sur cette position) et les positions intermédiaires, bien creusées, claquent comme il se doit. Outre sa qualité de fabrication globale, le gros fort de cette guitare reste son prix imbattable pour un instrument de standing custom shop. Le meilleur deal “pro” de notre sélection !

Corps : swamp ash
Manche :
american hard maple
Touche :
maple
Micros :
Trois single-coils Custom By Amber (potards CTS True Vintage)
Sélecteur : 5 positions
Vibrato :
Gotoh GE-1017
Mécaniques :
Kluson
Finition : 3 tons Sunburst Aged
Prix :
1698€
Importateur :
Imusic France
http://maybach-guitars.de/fr

Pour :
– le rapport qualité/prix assez dingue pour une guitare digne d’un custom shop
– les sonorités authentiques
– l’effet craquelé très réussi sur le corps
– le vibrato à l’ancienne très fiable

Contre :
– la découpe de la tête pas très jojo
– La tonalité aurait pu être routée sur le micro chevalet

Fender Deluxe Strat®

Blue tortilla ? Ay caramba !

Cette belle Strato parée d’une finition Sapphire Blue translucide est une production mexicaine, d’où son prix attractif. Mais nous vous y fiez pas : elle ne dénote en rien en comparaison de ses consœurs américaines, enfin presque… Alors pourvu que vous aimiez les grosses crosses type CBS et c’est tout bon ! Déjà, côté prise en main et jouabilité, on se sent tout de suite à la maison. Le manche 22 cases est très agréable et le frettage arbore une planification exemplaire. Premier bon point ! Ensuite, il y a l’électronique, qui utilise une astuce déjà présente sur certains modèles Fender : un switch push/push permet de router le micro chevalet sur les positions 4 et 5 du sélecteur. Il est donc possible de sélectionner les trois micros simultanément (miam) ou les micros neck et bridge ensemble (re-miam). En réalité, toute Strato moderne digne de ce nom devrait jouir de cette petite amélioration qui ne mange vraiment pas de pain. En revanche, dans le cas présent, le tableau s’assombrit légèrement à cause d’un micro aigu beaucoup trop piquant et agressif (genre Ritchie Blackmore sur « Highway Star », mais avec des tympans en cristal). En décodé, dans la plupart des cas, la tonalité (très efficace) ne sera vraiment pas de trop pour faire du bon boulot. Malgré tout, cette gratte reste séduisante, et comme on dit chez nous, il n’y a pas de mal à se faire plaisir, surtout à ce prix-là.

Corps : ash
Manche : érable (profil modern C)
Touche : maple
Micros : trois single-coils Fender Vintage Noiseless
Sélecteur : 5 positions
Vibrato : Fender synchronized tremolo
Mécaniques : Fender à blocage
Finition : Sapphire Blue Transparent
Prix : 979€
Importateur : Fender France
http://www.fender.fr

Pour :
– elle est belle
– le confort de jeu

– le switch magique
– le rapport qualité/prix

Contre :
– micro bridge beaucoup trop brillant

John Page The Ashburn

Une sublime revisite !

En matière de guitares typées Stratocaster, c’est très sympa de tomber de temps en temps sur quelque chose qui change, mais attention : quand on touche à une légende, la faute de goût est très vite arrivée. Heureusement, John Page sait très bien ce qu’il fait, et sa création affiche une revisite sympathique de son illustre ainée, avec des lignes très élégantes du bas du corps jusqu’au sommet de la crosse. Tant qu’à faire, la Ashburn donne dans la fonctionnalité, avec seulement deux potards (franchement pourquoi s’embêter), des micros hot rodés très droits qui ont bien la frite, un manche 22 case pas trop gros et assez large avec radius plat pour favoriser les acrobaties digitales et un vibrato tenant parfaitement l’accord (le pas de vis est à l’intérieur de la tige, et cette dernière peut se serrer en sus à l’aide d’une mini clé Allen). Le genre de guitare très fiable que l’on a envie d’embarquer en tournée et qui est suffisamment impersonnelle pour s’adapter à la plupart des situations en studio, d’autant qu’elle fonctionne merveilleusement bien avec les effets. En revanche, dans un contexte blues ou rock à caractère, n’oubliez de venir avec le mojo de vos doigts. Un brin aseptisée, la Ashburn ne s’aventurera pas sur ce terrain-là si vous ne redoublez pas de poids et d’intention. Une excellente Strato moderne !

Corps : alder
Manche : érable (profil C medium)
Touche : palissandre
Micros : trois single-coils John Page BloodLine JP-1
Sélecteur : 5 positions (noice canceller sur les positions 2 et 4)
Vibrato : Gotoh 510
Mécaniques : Gotoh Vintage Style
Finition : Olympic White
Prix : 1579€
Importateur : Guitars Rebellion
http://www.guitarsrebellion.com

Pour :
– elle est belle
– le confort de jeu

– le switch magique
– le rapport qualité/prix

Contre :
– trop lourde

Chandler Stratocaster

California Dreamin’

Nous vous avions déjà parlé des guitares Chandler dans le cadre d’un précédent dossier consacré à la Telecaster. Paul Chandler a été un pionnier de la guitare « boutique » en fondant son petit custom shop dans la région de San Francisco au début des années 80, et si la marque n’existe plus, les guitares Chandler restent l’un des meilleurs plans pour le guitariste pro désireux d’acquérir un instrument d’occasion digne des meilleures Master Builder pour un prix assez dérisoire. Pour la faire courte, Chandler est le premier luthier à avoir effectué un retour à l’esthétique purement vintage, à bobiner lui même ses micros dans les règles de l’art, et à redoubler d’efforts pour ressusciter le « spirit » et le son des Fender d’antan. Force est de constater qu’il a fort bien réussi son coup. Les micros envoient bien, sans être trop musclés pour autant. On retrouve les sonorités authentiques d’une Strato de la fin des années 50. Le micro aigu pique juste comme il faut, mais avec suffisamment de bas pour que les oreilles ne saignent pas en son clair (de plus la tonalité est câblée sur ce dernier). Petite particularité Chandlerienne : la tonalité du milieu est équipée d’un mid boost de 25dB avec balayage de fréquences, ce qui revient quasiment à avoir une wah intégrée à la guitare. Cela se révèle très pratique pour les sons filtrés à la « Money For Nothing » par exemple. Le manche, un bon gros C avec un léger méplat, confère à l’instrument un confort de jeu topissime, surtout que le radius de la touche n’est pas très prononcé. Une guitare très haut de gamme spécialement dédiée aux guitaristes fauchés, ultra exigeants et fouineurs du net.

Corps : ash
Manche : érable quartersawn (profil en C)
Touche : pau ferro
Micros : trois single-coils Chandler bobinés main + boost
Sélecteur : 5 positions
Vibrato : type vintage
Mécaniques : Kluson vintage
Finition : Shoreline Gold
Prix : 700€ en occasion
Importateur : nada

Pour :
– le meilleur plan si on arrive à en dégoter une
– la qualité redoutable de lutherie et de l’assemblage

– les sonorités

Contre :
– esthétiquement, ça passe ou ça casse

Marceau Guitars Experience

Are You Experienced?

Avec cette Experience, le jeune et talentueux luthier Tom Marceau marche assez clairement sur les plates-bandes de John Suhr, et cette impression générale n’est pas uniquement due à la ressemblance de la crosse. Nous sommes en présence d’une guitare moderne et fonctionnelle, que nous aimerions voir entre les mains d’un Joey Landreth, par exemple. Elle fait tout ce que l’on est en droit d’attendre d’une bonne vieille Strato, mais aussi un peu plus, grâce à un manche 22 cases au profil moderne, une touche au radius assez plat, un talon ergonomique afin d’accéder plus facilement aux aigus, et des micros faits maison légèrement surbobinés qui envoient bien le pâté (notez que la guitare est également dispo montée avec des 60-Vintage plus modérés et traditionnels). Là où le Tom est malin, c’est qu’il a doté son Experience de ce que nous appellerons un « injecteur de micro manche », que l’on trouve en lieu et place de la seconde tonalité, et qui agit sur les positions 1 et 2 du sélecteur (micro aigu ou micro aigu + micro central). Donc, dans l’application, cela met à notre disposition une multitude de sonorités en sus, puisque nous pouvons doser cet injecteur à notre convenance. Très bien vu ! Le seul point à améliorer concerne l’option RELIC, plutôt anecdotique sur l’exemplaire testé. Cette guitare type Strato « made in France » flirte avec le très haut de gamme et gagne vraiment à être connue, surtout qu’elle n’est pas si chère. Bravo Tom !

Corps : alder
Manche :
érable (profil modern C)
Touche :
pau ferro
Micros :
trois single-coils Marceau S-60-C
Sélecteur : 5 positions
Vibrato :
type vintage
Mécaniques :
Hip Shot à blocage
Finition : Surf Green RELIC
Prix :
1690€ (+100 euros pour l’option RELIC)
Importateur :
Arbiter France
http://www.arbiterfrance.com

Pour :
– une Strato cousue-main et « made in France » à moins de 2000€
– le manche ergonomique entre tradition et modernité
– l’injecteur de micro grave
– la finition retro très réussie

Contre :
– reliquage pas grandiose

Squier Classic Vibe Stratocaster® ’50S

La guitare pour pécho !

Voilà typiquement le genre d’instrument qui nous pose un gros problème. Figurez-vous que cette Classic Vibe, non contente d’être la guitare la moins chère de notre casting, est loin d’être la moins excitante. Il s’agit même du coup de cœur de l’ami Yoann Kempst : « C’est inexplicable en fait ! Non seulement elle sonne typiquement Strato, mais je ressens une forte connexion physique dès que je la prends en main, et elle est très facile à jouer. J’adore ! », nous a-t-il avoué. Déjà visuellement, elle fait son petit effet, avec ce côté cartoon irrésistiblement rock’n’roll. Cette Strato n’est pas sage, ce qui est exactement ce qu’on lui demande. Le cahier des charges du concept Classic Vibe, qui est d’essayer de retrouver l’esprit des premières Fender pour un prix au ras des pâquerettes est pleinement atteint, avec un manche très agréable et un frettage impeccablement planifié (attention cependant au limage des bords de frettes en bas du manche côté aigu) et un set de micros Squier qui n’est vraiment pas ridicule. Même le vibrato tient la route. En revanche, ce ne sera vraiment pas un luxe de changer les potards et le sélecteur de très mauvaise qualité voire carrément de refaire le câblage. De même, en giclant ces affreuses cordes chinoises et en montant un vrai jeu digne de ce nom, la guitare nous parlerait sans doute encore autrement. Les pros n’achèteront pas cette Classic Vibe parce qu’il y a marqué Squier sur la crosse, et c’est bien dommage. Nous ne savons pas trop quoi vous dire à part : « comment font-ils ? » et « faites-vous plaisir ».

Corps : aulne
Manche :
érable (profil modern C)
Touche :
maple
Micros :
trois single-coils Squier type Custom Vintage
Sélecteur : 5 positions
Vibrato :
vintage synchronisé
Mécaniques :
Squier type vintage
Finition : Sherwood Green Metallic (tête assortie)
Prix :
529€
Importateur :
Fender France
http://www.fender.fr

Pour :
– le rapport qualité/prix indécent
– le look à tomber par terre
– le confort de jeu
– le son

Contre :
– Potards et sélecteur vraiment très cheaps

Vigier Expert Standard 63

La fille facile !

Quand on passe la célèbre Excalibur en mode SSS, on obtient… une Strato qui marche plus que très bien. Patrice Vigier a optimisé tout ce qui pouvait l’être sur l’invention de Leo Fender. Nous sommes donc en réalité dans le monde de la « quasi Super Strat ». Déjà, il y a le vibrato monté sur roulements à aiguilles qui fonctionne hyper bien, et puis ce manche, plus épais que celui de l’Excalibur, qui est doté d’une crosse surdimensionnée. Cela confère à la guitare une prise en main plus virile, davantage de résonance et surtout un son plus corpulent, qui matche mieux avec les micros single-coils. En sus, le radius hyper plat de la touche fait de cette Expert une véritable machine à shredder. Enfin, il y a ce kit de DiMarzio Virtual Vintage, qui sont des single-coils légèrement bodybuildés, assez proches des Texas Special dans le grain. Le problème de cette Expert, c’est que même si elle affirme son caractère dans tous les styles, y compris le blues saignant (arrêtons les faux procès envers Vigier, on a vraiment de la belle texture sous les doigts), elle se montre presque trop facile à jouer. Cette qualité, très recherchée par certains guitaristes, pourra se révéler dangereuse pour ceux qui sont habitués à aller « chercher le son », car ils pourraient devenir paresseux. Il n’empêche, en matière d’alternative moderne à la Stratocaster, personne n’a fait mieux pour l’instant, et cette Expert Standard 63 enrhume toutes ses concurrentes.

Corps : érable (3 ans de séchage)
Manche : érable (profil modern D)
Touche : palissandre
Micros : trois single-coils DiMarzio Virtual Vintage
Sélecteur : 5 positions
Vibrato : 2011 sur roulements à aiguilles
Mécaniques : Schaller à blocage
Finition : Anti-Tobacco
Prix : 2457€
Importateur : High Tech Distribution
http://www.htd.fr

Pour :
– la meilleure alternative à la Strat moderne
– la qualité générale
– le confort de jeu diabolique
– les sonorités toutes très convaincantes

Contre :
– un peu trop facile à jouer et à faire sonner

Reverend Six Gun

L’arbalète du pistolero !

La marque fondée par l’américain Joe Naylor dans le Michigan gagne de plus en plus de terrain dans le cœur des amateurs de rock’n’roll, et pour cause : les guitares Reverend, fabriquées en Corée du Sud dans l’usine Mirr, sont sexy, qualitatives, pleines d’attitude, et surtout, tintintin… elles ne coûtent pas cher. Notre Six Gun reste dans l’esprit Stato, même si ses contours ont été largement revisités, avec cette forme un peu offset, et la découpe de la crosse typique de chez Reverend. Idem côté lutherie, puisque le corps de la belle est en Korina, comme les Explorer et Flying V. Le son est donc un peu plus “fat” qu’avec de l’aune, de l’érable ou du frêne. Les trois simples bobinages Fat S de chez Reverend envoient bien le power et font très bien le job. Ils possèdent chacun un caractère propre et un niveau de sortie adapté, afin que l’équilibre entre chaque position soit parfait, et ça marche. L’arme redoutable de la Six Gun, c’est le potard Bass Contour, qui agit comme une sorte de filtre coupe-bas assez sophistiqué, et qui nous permet d’aller flirter avec le son twangy de la Telecaster, ce qui est très pratique pour le chicken picking ou les rythmiques bien sèches à la Steve Cropper. Le confort de jeu est proche des Fender du début des 50’s, avec un gros manche en C (en une seule pièce s’il vous plaît), un radius assez prononcé, et par contre des frettes medium jumbo impeccablement planifiées. L’intonation de la guitare est ultra précise, et on a de la “viande” sous les doigts dans toutes les positions. Inutile de présenter le vibrato Wilkinson, un best-seller dont l’efficacité n’est plus à prouver. Une vraie guitare de branleur rock’n’rolleur , taillée pour envoyer sur scène, aussi bien soniquement que visuellement !

Corps : korina
Manche :
érable (profil modern D)
Touche :
palissandre
Micros :
trois single-coils Fat S (avec bass contour)
Sélecteur : 5 positions
Vibrato :
Wilkinson WVS50 IIK
Mécaniques :
Reverend à blocage
Finition : Chronic Blue
Prix :
1019€
Importateur :
HCG Diffusion
http://www.hcg-diffusion.com

Pour :
– le look et l’attitude
– les sonorités
– le bass contour pour le sons twangy
– le vibrato Wilkinson très efficace

Contre :
– rien