Edito

Il y a des sujets qui fâchent et qui divisent, même dans notre microcosme guitaristique (si, si). Parce que le monde, dans sa globalité, a drastiquement changé et continuera sa mutation, qu’il s’agisse de notre façon de consommer, de donner de la valeur aux choses, de communiquer et de nous exprimer : bref, de vivre ensemble. La digitalisation a renversé nos échelles de valeurs, nous poussant dans tout ce que nous faisons à rationaliser les coûts, à aller à l’essentiel et toujours plus vite, en minimisant les interactions humaines, fracassant impitoyablement au passage presque tout ce que les plus de 30 ans ont toujours connu, « l’Ancien Monde », celui des « boomers », ou des gens « vintage » comme on le dit plus poliment, et la fracture générationnelle devient béante. Aujourd’hui, la musique ne s’inscrit plus dans des mouvements de pensée, elle ne change plus la vie des gens et ne renverse plus les dictatures. Elle se consomme comme les jeux vidéo, peinant de plus en plus à s’affranchir de l’image. Pour la plupart, les guitaristes nés il y a 25 ans ou moins n’ont jamais écouté Stevie Ray Vaughan, Led Zeppelin ni Van Halen et ne rêvent ni de Gibson Les Paul, ni de Klon Centaur, ni de Vox AC30 ; ils n’ont, pour certains, jamais vécu l’expérience de jouer avec un ampli. Les « néo-guitaristes » sont déjà parmi nous, armés de Strandberg et de Quad Cortex, et ils remettent la guitare au centre du débat avec de vraies propositions artistiques, comme le démontre Polyphia avec son dernier album "Remember That You Will Die". À vous de décider si vous voulez embrasser cette nouvelle génération ou si vous préférez rester emmitouflés dans votre nostalgie en allant célébrer le passé avec l’énième tribute band du coin.
Également au menu de ce numéro, une sélection de pépites que nous vous suggérons pour votre liste au Père Noël. Et bien sûr, pour vous assurer un petit cadeau chaque mois dans votre boîte à lettres ou en faire profiter à vos proches, pensez à notre formule d’abonnement.
Très belles fêtes de fin d’année à toutes et à tous !
Bonne lecture.
Ludovic Egraz