Edito
Il y a 30 ans, un messie du blues livrait à l’humanité son premier album, un miracle musical intitulé Texas Flood. Né sous une bonne étoile au sein d’une famille ouvrière de Dallas, Stevie Ray Vaughan est habité par l’esprit du blues dès l’enfance. Avant même de se tailler la moindre réputation locale, il récite déjà son Hendrix et ses trois King par cœur, tandis que ses camarades peinent encore à fretter un DO Majeur. Dès lors, fier de cette base solide, il part en quête de sa propre « voie », de son propre rêve, peu importe les heures sacrifiées et le sang versé dans le calice du blues (il jouait jusqu’à faire saigner le bout de ses doigts, et durcissait la corne avec de la colle cyanolite). Ce combat, ce chemin de croix vers le Mont Golgotha du blues, est illustré dans les versets de Texas Flood. Du boogie « Pride and Joy » à l’épique « Texas Flood » en passant par le hargneux « Testify » ou encore la ballade méditative « Lenny », la messe est dite et redite. À vrai dire, personne ne s’est jamais remis de ce Nouveau Testament, et l’impact de cette « inondation » musicale a largement dépassé le carcan du blues. La musique de SRV est universelle, et son message n’est que paix et amour. C’est sûr, de là-haut, assis à la droite du Voodoo Child, il veille sur nous autres, misérables gratteux !
Numéro 55
6,30€