Edito
Parmi les dieux de la guitare qui ont façonné l’histoire du rock, il y a ceux qui utilisent leur instrument comme une arme, jouant avec une attitude virile et macho, usant de tout leur savoir-faire technique et musical, mais aussi de leur agressivité ou de leur charismatique flamboyance pour briller et prendre la scène. Dans cette catégorie, on pense forcément à Ted Nugent, Joe Perry, Ritchie Blackmore, Slash, Zakk Wylde, ou encore Steve Vai. Appelons-les les « mâles alpha » de la guitare. Aux antipodes de cette tendance, on rencontre le clan des alchimistes, de ceux qui mettent leur connaissance de l’instrument au seul service des émotions, faisant résonner leurs notes en sympathie avec les vibrations bienfaitrices de l’univers. Forcément, dans cette famille, les premiers noms qui nous viennent à l’esprit sont ceux des guitaristes de blues, de B.B. King à Peter Green, dont les phrasés habités touchent parfois au divin, mais également ceux des grands architectes du rock progressif, de Robert Fripp à Steve Hackett, en passant par Steve Howe, Steve Rothery, et au-dessus de tous, David Gilmour, l’âme du Pink Floyd. Parti du blues dans les 60’s, ce sorcier du phrasé n’a cessé de malaxer et de purifier cette matière musicale, afin de façonner un style, SON style, qui, au fil des années, a eu un impact retentissant sur au moins trois générations de guitaristes. À tel point qu’aujourd’hui, la moindre mélodie en penta mineure passée dans un overdrive et un delay long évoque immédiatement la « gilmour touch ». À l’aube de la sortie de The Endless River, le quinzième album de Pink Floyd, l’un des groupes anglais le plus fascinants de l’histoire, Guitare Xtreme s’est rendu à Londres, à bord de la péniche du maître, l’Astoria. C’est dans ce lieu bucolique et magique, transformé en studio d’enregistrement, que nous avons pu découvrir ce disque en avant-première, mais aussi rencontrer quelques-uns des acteurs majeurs qui ont permis à ce projet de voir le jour. Avec eux, nous rendons hommage à ce géant de la guitare, qui n’a pas fini de nous transporter vers l’infini.
Numéro 65
6,30€