Edito
La passion, la thune, le dégout, tout ça, tout ça… Cette nouvelle année avait mal commencé avec les attentats sordides de Charlie Hebdo et du magasin Hyper Casher. Une pilule difficile à avaler pour tout le monde. Heureusement, nous, nous avons un tout petit avantage sur pas mal de citoyens : celui d’être habité par une passion dévorante, qui nous aide à surmonter plus facilement les épreuves de la vie : ce morceau de bois, grâce auquel nous pouvons transformer toute la haine (et parfois l’amour) que nous ressentons en quelque chose de positif, pour ensuite le partager. La guitare est pour nous un fantastique catalyseur, quelque chose de vital. Et c’est bien de cela qu’il s’agit aujourd’hui. Au début de ce mois de février, en rentrant du Namm Show, nous avons lu, comme beaucoup d’entre vous, le communiqué de nos amis de Custom 77, obligés de mettre la clé sous porte après avoir réalisé leur rêve. Celui de mettre à la portée de tout le monde de belles guitares bien stylées et qui sonnent. Partis de copies réussies de références connues pour affirmer au fil des années leur identité avec des modèles originaux, Jean-Baptiste Debiais et Jérôme Rabetaud ont connu une petite success-story, largement à la hauteur de leurs aspirations initiales (600 guitares vendues chaque année des endorsés internationaux tels que Lee Ranaldo de Sonic Youth ou Kevin Shield de My Bloody Valentine, ce n’est pas rien). De l’ambition, ces deux entrepreneurs passionnés n’en manquaient pas, puisque pour faire face au ralentissement économique causé par la crise, ils avaient planté des graines un peu partout dans le monde : aux USA, au Japon, en Australie et en Amérique du Sud. De beaux projets d’extension, qui auraient être profitables à l’ensemble du tissu industriel français de la facture instrumentale. Seulement voilà, les banques françaises ont décidé de leur couper l’herbe sous les pieds, en refusant de leur prêter l’argent dont ils avaient besoin pour nourrir ces nouveaux investissements vitaux pour la continuité de leur entreprise, jugeant le projet «sans intérêt», et ce, malgré des carnets de commandes bien remplis. Un signal bien négatif pour tous les fabricants et entrepreneurs français qui travaillent dur pour faire exister la guitare dans ce pays. Nous souhaitons beaucoup de courage à JB et Jéjé, qui nous en sommes sûrs, sauront rebondir, car on ne peut pas tuer un rêve. La rédaction
Numéro 67
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