Edito
Force et fragilité... deux mots qui résument merveilleusement l’univers musical bipolaire de la gracieuse Yvette Young. La force, parce que son parcours artistique s’est construit sur les ruines d’une éducation psychorigide et mortifère, et la fragilité, parce que sa musique habitée par une rage contenue laisse toujours transparaître beaucoup de vulnérabilité et de poésie. À l’image des oiseaux qui exercent sur elle une fascination obsessionnelle, Yvette renvoie l’image d’une créature obstinée et éprise de liberté, mais dont les ailes chétives pourraient facilement se déchirer face à la tempête. Cette opposition alimente aussi les compositions de Catharsis, le nouvel album de son trio Covet, tantôt chaotiques et nébuleuses à grand renfort de fuzz volcanique, tantôt célestes, contemplatives et multidimensionnelles, avec des arabesques mélodiques qui se fondent dans le delay et la reverb, créant ainsi une harmonie providentielle entre deux mondes habituellement discordants : celui de l’indie rock et celui de la musique instrumentale orientée guitare. Destinée dans une autre vie à une carrière de pianiste concertiste, Yvette est devenue une guitariste voltigeuse qui utilise son incroyable virtuosité pour nous émouvoir, avec cette façon contrepointique de travailler les mélodies, utilisant ce mélange de picking, de tapping, d’harmoniques naturelles et artificielles, mais aussi une ribambelle d’accordages alternatifs, et bien sûr d’effets, constituant pour elle un véritable prolongement de son instrument. Nous sommes très heureux de rendre hommage au talent de cette belle artiste en lui dédiant la couverture de notre numéro 127.
Nous vous souhaitons une agréable lecture et une bonne rentrée.
La rédac'
Numéro 127
7,90€