Dans notre inconscient collectif, Ashdown Engineering représente avant tout l’une des marques leaders dans l’univers de l’amplification pour basse, ce qui n’a rien de surprenant, puisqu’elle a été fondée il y a une trentaine d’années par Mark Gooday (anciennement ingénieur et concepteur chez Trace Elliot) et que ses amplis sont aujourd’hui joués par quelques-uns des plus grands patrons des fréquences graves (Guy Pratt, Nate Mendel, Geezer Butler, Adam Clayton, rien que ça). Pour autant, la firme britannique eut très vite à coeur de développer des amplis pour nous autres guitaristes, sous son propre nom (les séries Peacemaker, MF et AGM), mais également sous son label Hayden. Cette vénérable maison possède donc une solide expertise en la matière. Sa mission actuelle : réussir à convaincre une population guitaristique toujours un peu trop ancrée dans la tradition et les marques ayant déjà fait leurs preuves de découvrir une autre alternative qui pourrait bien répondre à tous leurs besoins, surtout à une époque où la réalité du terrain impose contraintes et adaptabilité, et sur ce coup-là, Ashdown arrive à point nommé avec sa nouvelle série SX comprenant trois amplis tout lampes en classe A, conçus en Angleterre et usinés en Chine, un petit 5 watts monocanal en version combo et tête, et une tête 50 watts trois canaux fort bien achalandée. C’est cette dernière qui a été livrée chez Guitare Xtreme, accompagnée de son caisson 4 x 12 assorti. Voyons un peu ce que ce matos a sous le capot !
Une classe toute britannique
On ne va pas se mentir, nous autres guitaristes achetons aussi bien notre matos avec nos oreilles qu’avec nos yeux. Le look et le design, c’est important. Ici, pas de fioritures, rien que du sobre, rien que du noir, de quoi faire ressortir le centre argenté des douze potards synth pointer, ainsi que la sérigraphie blanche bien lisible. Les deux tiers inférieurs de la façade sont recouverts d’un morceau de Grill Cloth noir (assorti à celui de l’enceinte) sur lequel est apposé le très chouette logo vintage de la marque, qui évoque les vieilles Chevrolet. L’ampli pèse 12 kg, ce qui est plus qu’acceptable. Le baffle pan coupé à l’ébénisterie très sérieuse affiche 32 kg, soit, à titre de comparaison, cinq de moins qu’un Marshall 1960.
Le tour du proprio
Le SX-50H arbore donc trois canaux : un clean (doté d’une EQ sommaire, Bass et Treble), un crunch (Gain 1) et un lead (Gain 2). Ces deux derniers partagent une EQ commune avec le trio classique Bass / Middle / Treble et un Contour qui agit sur les fréquences médiums. La sélection se fait via deux boutons situés sous le témoin visuel bleu en diamant. Lorsque tout est « off », nous sommes sur le clean. En appuyant sur le premier bouton (1/2), nous basculons sur le canal crunch, et le second (2/3) permet d’activer le canal lead. On a connu plus intuitif, mais ce n’est qu’une question d’habitude. À l’arrière de la machine, une grille métallique noire laisse apparaître les deux gros transfos et protège les tubes, soit trois ECC83 en préamp (des 12AX7, c’est la même chose) et deux EL34. Nous sommes donc a priori dans un esprit plutôt british. Ici, pas de lampe redresseuse, mais un pont de diodes qui fait très bien le job. Au-dessus, nous trouvons un insert d’effet send / return avec niveau ajustable (un très bon point), deux sorties recording avec simulation de HP, un switch Stage / Studio (nous y reviendrons), la prise du footswitch (optionnel) et deux sorties HP en 8 et 16 ohms.
Start Me Up
Un switch on / off, mais pas de stand-by… En effet, un petit circuit permet de s’en affranchir, amenant progressivement l’ampli jusqu’à la tension souhaitée et c’est à partir de là que le son apparaît. Nous démarrons l’exploration par le canal clean. Le grain est beau et inspirant, très rond et joliment compressé, idéal pour les arpèges, le funk et le jeu dynamique en doublesstops façon Hendrix. Attention les oreilles : pour commencer à tordre légèrement, il faut emmener le potard de volume au-delà des ¾ de sa course, ce qui est vraiment conséquent. La petite reverb digitale embarquée fait bien le boulot, tout en restant discrète, juste pour ambiancer un peu. Passons sur le canal 2. On commence par ajuster le son grossièrement avec le Master 1 et le Gain 1, avec tous les autres potards à midi. Premier constat : le grain est serré et l’ampli réagit parfaitement aux nuances du jeu. À partir de cette base, on sculpte le son avec les EQ qui sont très efficientes, surtout le Contour qui permet de couvrir une large palette de couleurs. Au minimum, le son est assez sourd et difficilement utilisable. À partir de 2/3, il y a beaucoup de largeur et de compression, et plus on monte, plus le son devient brillant et mordant. Le gain disponible sur ce canal permet d’aller jusqu’au gros crunch des familles, mais pas au-delà. Même le potard à fond, le son reste clair lorsqu’on effleure les cordes (tout dépend des micros de la guitare, évidemment) et il s’écrête au prorata de votre attaque main droite. Les notes partent facilement en feedback, un vrai régal pour le blues et le classic rock. En passant sur le canal lead, petite surprise : le Gain 2 était à zéro lorsque nous avons monté le Master 2, et pourtant le son était déjà saturé, comme sur notre canal crunch. En réalité, les étages de gain des deux canaux overdrive sont stackés sur ce canal (façon Boogie). En montant le Gain 2, on entre progressivement dans l’antichambre du metal, jusqu’à atteindre des taux de saturation assez extrême. Sur ce mode, à nouveau, le Contour s’avère redoutable d’efficacité et, uniquement grâce à lui, tout est possible, d’un gras double bien « chuggy » à la Pantera jusqu’à quelque chose de plus aigre et abrasif façon Randy Rhoads (avec tout l’éventail de possibilités qu’il peut y avoir entre les deux). Petit bémol quant aux aigus qui sont un peu trop présents sur ce canal et qu’il convient de tempérer assez drastiquement à l’égalisation. À la décharge d’Ashdown, ce côté un peu criard est très probablement dû aux HP Celestion Seventy 80 embarqués dans le caisson 4 x 12 (souvent choisi comme alternative économique aux Vintage 30).
Les petits plus qui font zizir
Revenons à notre fameux switch Stage / Studio évoqué lors de la présentation. Il permet de diviser la puissance par deux sans que le caractère de l’ampli n’en soit altéré, ce qui est très utile pour profiter de toutes les ressources de l’ampli à un volume plus modéré. Autre précieuse fonctionnalité : les sorties recording avec une unique simulation de HP analogique (forcément limitée, mais de bon aloi). La première, dénommée Live, permet de conserver le son de l’enceinte en plus de la simulation, pour combiner une repique micro à une sortie directe. La seconde, Dead, bypasse l’enceinte pour n’avoir que la simulation de HP : par exemple, pour bosser à la maison en attaquant votre interface.
Jugement dernier
Le SX-50H coche beaucoup de cases, à commencer par une qualité sonore indéniable, une polyvalence qui permet d’envisager son utilisation dans quasiment tous les contextes et les styles (surtout utilisé conjointement avec un pedalboard bien achalandé, car la boucle d’effet est vraiment bien foutue) et une qualité de fabrication irréprochable (les Chinois savent bosser, ce n’est même plus un sujet). Son dernier atout ? Le prix ultra-contenu qui le met à la portée de tous les guitaristes qui ont encore l’amour du son authentique et qui veulent travailler avec de la lampe.
Les plus : Le prix contenu, le switch Stage / Studio.
Les moins : Aigus un peu criards sur le canal 3, footswitch en option.
Fabricant : https://ashdownmusic.com
Distributeur : https://www.algam-webstore.fr/ashdown-tete-a-lampes-sx-50-watts-602332.html