ACTUELLEMENT
DISPONIBLE

N°146

STRINGJOY – la corde premium « made in Nashville »

Le monde de la corde ronronnait tranquillement et, comme on pensait qu’il n’y avait plus vraiment de place pour la nouveauté, nous n’avions pas vu venir Stringjoy qui, depuis Nashville, a fait le déplacement avec ses petites papattes pour nous en coller une entre les deux yeux sans prévenir. Avec force communication sur les réseaux, la marque propose une gamme complète, se positionne clairement sur le haut de gamme et semble prête à en découdre avec qui veut. Oui, mais est-ce que ça vaut vraiment le coup de faire tout ce bruit ? Après tout, les cordes, on connaît. Hein ? On connaît ? Hein ? Enfin, peut-être pas finalement.

Sur mesure

Fidèle à mon habitude, j’ai levé les yeux au ciel quand notre rédac’ chef m’a dit : « Je t’envoie des jeux Stringjoy, tu vas voir, c’est génial. » Après tout, ce n’est que la douzième fois cette année que je tombe sur un truc censé réinventer la roue. Bon, en y regardant de plus près, la chose est intéressante : un constructeur qui file ses cordes au lieu de poser sa marque sur des produits fabriqués par d’autres, c’est déjà sympa. Ensuite, on se rend compte qu’il est possible de constituer ses propres jeux sur mesure (d’autres le font, mais pas à cette échelle). Puis, on peut avoir des demi-tirants (0.105, 0.135… au lieu du 0.10 ou du 0.13). En plus, la marque a repris les jeux classiques et a modifié certaines cordes pour obtenir la même tension sur chaque corde. Dans le colis, j’ai trouvé des jeux Signatures en plaqué nickel et des Broadways en pur nickel, à l’ancienne. Il y avait du 10-46, mais aussi un 10-48 avec un Si en 0.135 et un Mi en 0.48 pour offrir un peu plus de résistance là où c’est nécessaire. Idem avec le 10.5-52, nommé Husky Light Plus, avec un peu moins de résistance sur le La mais un peu plus sur le Mi et le Si aigus. J’ai donc recordé ma Strat Eric Johnson et mon ES-335 avec les Signatures, ma Duesenberg Starplayer TV et ma Patrick Eggle New York en Broadways. Le fait est que, cette semaine, j’avais à faire des prises de guitare en studio et à jouer le « Concerto pour groupe et orchestre » de Jon Lord, ainsi que « Atom Heart Mother », deux pièces où le guitariste est très exposé. Si jamais ça coince aux répétitions, j’aurai toujours l’option de ressortir mes cordes habituelles. Nous avions également reçu un jeu d’Orbiters enrobées. Vu le délai que j’avais, je préfère ne pas inclure ce dernier dans le test histoire de laisser le temps faire son oeuvre.

Accro ?

Premier constat, le custom c’est sympa, mais ça fait beaucoup de plastique. Chaque corde est dans sa pochette, le jeu étant présenté dans une boîte en carton très solide qui donne envie. Haut de gamme, c’est vrai. Deuxième constat : les cordes sont enroulées très serré. Heureusement, déroulées, elles ne prennent pas la courbure de stockage. Troisième constat, elles se stabilisent très vite. On tire deux ou trois fois dessus et la guitare est prête à jouer. On a ce côté très droit et rassurant que je n’ai senti que sur des cordes fabriquées avec soin et avec des alliages sérieux. Sur toutes mes guitares, j’ai eu cette sensation. Le contact avec la main gauche est extrêmement agréable. On a l’impression que les cordes sont enrobées tant c’est doux sous les doigts. Les différences de tirant sont subtiles, mais il est vrai que, sur la 335, le surcroît de tension sur le Si et le Mi offrent un poil plus de poids aux notes : tant pis pour les bends qui sont moins faciles, sur un diapason Gibson ça reste largement gérable. En revanche, le La en 0.40 au lieu de 0.42 chante un peu plus en solo et ne s’écrase pas vraiment quand on riffe fort. La différence d’alliage se sent avec les Broadways, plus sombres, comme on s’y attendait. Parfait pour compenser le côté parfois bright de la Duesenberg et de la Patrick Eggle. Sur la Strat, j’ai conservé mes marques avec un tirant non modifié : je connais tellement cette guitare que je me méfie des changements, que ce soit d’alliage ou de tension. La sonorité est claire, nette, équilibrée, avec beaucoup de sustain. On a même l’impression d’en avoir plus que d’ordinaire. Sur scène, j’ai eu vraiment d’excellente sensations en allant chercher le son brillant et plein de Ritchie Blackmore période 335 / Marshall. Les feedbacks sont venus tout seuls et j’ai vraiment eu le sentiment de maîtriser mes tirés au cheveu près. Ça vaut ce que ça vaut, mais j’ai eu plus de remarques que d’habitude sur le son de la guitare lors de ces sessions. Conclusion, je vais avoir du mal à faire marche arrière, seul le coût pourrait freiner. Disons que c’est entre des cordes standards et des cordes enrobées. Est-ce qu’il y a du psychologique là-dedans ? On n’est jamais à l’abri d’un biais, même quand on a de la bouteille. En attendant, je n’ai absolument pas envie de changer mes cordes : ça compte ? •

Régis Savigny

Les + :
Le son, la précision, les sensations, la variété des alliages et tirants.

Les – :
Quand on a plusieurs guitares, ça fait un budget.

 

Prix : à partir de 11,50$