Edito
Comme chaque année à cette période, la rédac s’apprête à déconnecter, le temps de quelques semaines, enfin façon de parler. L’actualité guitaristique est une maîtresse exigeante, un flux perpétuel de nouveautés et d’opportunités que nous devons saisir au vol afin de mieux vous servir, une passion qui nous brûle autant qu’elle nous illumine, un fardeau que nous portons avec amour. Bref, vous l’aurez saisi, nos bureaux nous accompagneront en vacances.
Pour ce numéro estival, nous dédions notre couverture à la rayonnante Orianthi Panagaris. L’icône de 40 ans débarque en Europe et nous livre son album le plus abouti, savant mélange de rock, blues et pop, recueil de chansons puissantes et universelles qui électrisent les fans de guitare tout en mettant l’instrument à la portée d’une audience plus mainstream. Joli tour de force ! Ori s’apprête également à casser la baraque avec un nouveau « super » power trio et continue d’assurer pleinement sa mission en mettant en avant sa féminité et sa détermination, inspirant des musiciennes du monde entier qui empruntent désormais avec force et légitimité le chemin qu’elle a tracé, à l’image d’Arianna Powell, session woman au talent écœurant que les pop stars s’arrachent et nouvelle ambassadrice des guitares Gretsch que nous avons interviewée. Côté blues, le gardien du temple Joe Bonamassa (moins glamour et un brin plus réac) a répondu aux questions de Guitare Xtreme en direct de Copenhague, où se déroulaient les répétitions générales de la tournée européenne de Black Country Communion. Une bonne occasion d’évoquer la sortie imminente de son 17e album Breakthrough.
Pour autant, cet été 2025 se déroulera sous haute tension. Sans forcément scruter le ciel en attendant l’apocalypse, gardons notamment à l’esprit ce désastre économique que vivent nos fabricants boutique d’outre-Atlantique, étranglés par la guerre absurde et stérile que se livrent les USA et la Chine par taxes douanières interposées. C’est justement ce sujet qui nous tient à cœur qu’a choisi de traiter Julien Bitoun dans sa nouvelle rubrique (toujours très pertinente).
Et puis il suffit de regarder tout autour de nous. On ne va pas se le cacher, ça craint, ça pue, et les raisons de se réjouir se font rares. David Gilmour avait su dépeindre avec justesse ce drame de l’humanité dans « The Dogs of War » : « J’ai entendu les canons tonner sous la pluie, j’ai vu les visages d’hommes devenus fous, j’ai vu les mourants, les morts et la honte. » Des mots qui résonnent en ce moment avec une vérité désarmante... Mais une certitude demeure : tant qu’il y aura des gens pour prendre une guitare, allumer un ampli, brancher quelques pédales et jouer avec sincérité, tout n’est pas perdu. La musique n’apportera sans doute pas de solution concrète aux maux de ce monde, mais elle possède ce pouvoir de nous rendre plus empathiques en éclairant ce qu’il y a de plus sombre en nous et en transformant notre perception du monde. Alors, profitons de cette période de dissonance cognitive et d’arythmie émotionnelle pour prendre du recul en jouant, en créant et en tentant de retrouver ce lien essentiel avec nous-même et avec les autres. Amen, ainsi soit-il, rock on et excellente lecture !
Ludovic Egraz
Numéro 147
7,90€