
LARKIN POE + SON LITTLE – Salle Pleyel – 24/10/25
La salle Pleyel est très bel écrin pour mettre en valeur les artistes qui s’y produisent. Après l’Olympia et le Trianon, Larkin Poe s’y est donc arrêté le temps de nous présenter le son de l’Amérique profonde, mais dans une toute nouvelle dimension.
C’est Son Little qui ouvre les hostilités en format trio. Nous avons sur scène un claviériste qui s’occupe aussi de la basse, un batteur et au centre « the artist » armé de sa guitare, une belle Gibson hollowbody. Son Little nous a infusé son blues minimaliste durant une bonne demi-heure face à un public silencieux et attentif. Les fans de Larkin Poe sont déjà nombreux massés devant la scène, car pour ce concert à Pleyel, la configuration est un mode fosse debout.

Lorsque Larkin Poe investit la scène, l’ambiance se réchauffe de plusieurs crans. Les deux frangines mettent rapidement l’ambiance, accompagnées par un groupe discret composé d’un batteur, d’un bassiste et d’un claviériste. Pour ceux qui ne connaissent pas encore Larkin Poe, il s’agit un peu d’une alliance entre feu et glace. D’un côté, Rebecca Lovell assure chant lead et guitare (elle tâte aussi un peu de mandoline) avec un caractère très énergique et un sacré charisme. C’est elle qui va chercher le public et le galvaniser. De l’autre, Megan Lovell, plus discrète et armée de son lapsteel, ajoute une touche de calme et de sérénité, une force tranquille et solide qui vient soutenir sa frangine sans l’étouffer. C’est cette complémentarité unique qui fait que le duo fonctionne aussi bien.

Particulièrement en voix ce soir (un peu comme d’habitude en fait), Rebecca envoie du lourd ! On reste impressionné par la précision dans la synchronisation des deux voix. Comme pour chacun de leurs shows, un moment intimiste est consacré à petite séance de ragtime à l’ancienne. Le duo nous fait alors découvrir l’essence de leur musique, sans les artifices. Pour ça, les musiciens passent tous en en mode unplugged autour d’un seul et unique micro (ce dernier fera d’ailleurs des siennes en crachotant méchamment, obligeant les artistes à appel à l’équipe technique pour un peu maintenance avant de reprendre le premier morceau de cette session). C’est aussi dans ces moments-là que l’on peut vérifier si les artistes ont de la bouteille, car il faut savoir gérer l’imprévu. Rebecca prend le parti d’en plaisanter et pour éviter que le moment soit trop long pour le public, elle nous offre un petit moment d’impro sur du Chris Isaac en acoustique et sans micro. C’est ça, le live, ces petits moments improvisés que l’on n’aura jamais sur un enregistrement où tout est organisé et maximisé. C’est l’imparfait qui magnifie une prestation, rendant le moment unique et précieux.

Autre moment fort de la soirée : un petit clin d’œil à la disparition d’Ozzy Osbourne avec la reprise du début de « War Pigs » et enfin le groupe nous livre un titre totalement inédit, « Devil Music », qui ne figure pour le moment sur aucun enregistrement. Rebecca nous avouera même que ce n’est que la sixième fois qu’il est joué sur scène.


C’est toujours un plaisir de couvrir un concert de Larkin Poe. Leurs shows sont toujours la promesse d’une certaine authenticité, et de la joie de voir deux femmes réussir dans un milieu du blues rock encore très masculin. Et quelle énorme leçon de musique. Leur répertoire country/blues nous plonge dans les origines de la musique rock US, quelque part entre hommage et modernisation du genre. Alors si vous aimez le blues et que vous en avez un peu marre d’écouter sempiternellement les mêmes rengaines, ne manquez pas les sœurs Lovell la prochaine fois.
Vassago

Set List :
Set électrique 1
Nowhere Fast
Mockingbird
Easy Love Pt. 1
Summertime Sunset
Bluephoria
If God is a Woman
Deep Stays Down
Set acoustic
Southern Comfort
Little Bit
Mad as a Hatter
Devil Music
Set électrique 2
War Pigs (Black Sabbath cover)
Bad Spell
Pearls
Bolt Cutters & The Family Name
Rappel
Bloom Again


