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N°151

TILL LINDEMANN + AESTHETIC PERFECTION – Adidas Arena – 20/11/25

TILL LINDEMANN + AESTHETIC PERFECTION – Adidas Arena – 20/11/25 

Le leader charismatique et controversé du puissant Rammstein continue son chemin en solo. Il était de passage à l’Adidas Arena pour nous présenter un show interdit au moins de 18 ans. On vous raconte.

Aesthetic perfection est un groupe qui colle parfaitement à l’univers de Till. Pratiquant un metal indus assez classique (qui n’est pas sans faire penser à Nine Inch Nails), le groupe va plutôt bien camper son rôle de chauffeur de salle devant un public déjà nombreux. La formation est mixte avec un chanteur deux guitaristes au féminin (dont l’une passe de temps à autre aux claviers). Visuellement, certains aspects comme les costumes s’inspirent de l’univers manga/animés japonais, très à la mode actuellement. Musicalement, le chanteur est parfois un peu bleu (entendez par là légèrement faux). Peut-être ses retours n’étaient-ils pas bien réglés ce soir. Bémol : vous n’aurez aucune photo de leur prestation, la production ne nous ayant pas autorisés à les shooter.

Till Lindemann et sa bande investissent la scène, l’ambiance est déjà bien plantée, ce sera sombre et tendancieux. Cette tournée a pour but de promouvoir un projet mené avec l’aide de Peter Tägtgren, que l’on connaît pour sa participation à Pain et Hypocrisy. Pour faire bonne mesure, la setlist fera également la part belle à la réédition de l’album Zunge qui vient d’être réédité. Peter ne fait plus partie du projet Lindemann, nous n’aurons donc pas la chance de l’avoir sur scène ce soir. On comprend pourquoi le nom a évolué avec l’ajout du prénom du chanteur.

Il est impossible d’envisager ce concert sans penser aux démêlés judiciaires de l’artiste. Rappel des faits : en mai 2023 le chanteur est accusé de violences sexuelles envers plusieurs fans. Niées en bloc par le biais de ses avocats les poursuites judiciaires sont abandonnées le mardi 29 août faute de preuves. Pour l’occasion, on observe un dispositif sécurité renforcé autour de la salle avec du personnel sur le qui-vive. On suppose qu’il s’agit davantage d’une crainte de manifestation d’activistes féministes que d’activité terroriste.

Est-ce parce que Lindemann a toujours été provocateur ? Est-ce un pied de nez à la vindicte populaire à son encontre à la suite des accusations de 2023 ? Une chose est certaine : le spectacle de ce soir va démontrer que le chanteur n’a pas l’intention de se laisser intimider et n’hésite pas à pousser les curseurs encore un cran plus loin que d’habitude. Les photos en témoignent, le freak show de ce soir ne va pas épargner nos yeux ni nos sensibilités. Qu’ils s’agissent des costumes très inspirés sado-maso, des images diffusées sur l’écran géant en fond de scène ou des mises en scène du groupe, tout est orchestré pour susciter le malaise, quitte à tomber parfois dans le grotesque. Till s’amuse, il s’arroge le rôle du méchant avec délectation pour le plus grand bonheur du public de ce soir. Instants choisis : lorsque le batteur affublé de faux seins et d’une foufoune en plastique en guise de cache-sexe se retire des tampons rouges et les jettes dans le public ou lorsque le guitariste du groupe lui sort plus tard des poissons du fondement, le spectacle tient autant de l’horreur jubilatoire que du grand-guignolesque rigolard et malsain. Le spectacle est interdit aux moins de 18 ans, pour cause, certaines images relèvent quasiment de la pornographie (même s’il s’agit plus de simulation dans les faits). Même si les hommes sont représentés dans certaines postures de soumission, Till s’évertue à sexualiser avec violence le corps des femmes dans quasiment tous les visuels. On est clairement devant un spectacle anti féministe, non pas par but idéologique, mais par essence.  Musicalement, on saluera un savoir-faire chirurgical et un certain génie de la mise en scène avec de très bonnes idées comme les plateformes pour les danseuses en avant-scène, la barre de pole dance qui occupe la claviériste lorsqu’elle n’a rien à jouer et l’extrême cohérence de toute l’imagerie.

Là où Rammstein prenait le rapport au sexe avec provocation, mais aussi avec un certain humour, ce dernier semble définitivement au placard lorsque Till vole en solitaire. Le propos est juste de choquer, comme pour voir jusqu’où l’on peut se permettre d’aller. La star joue la carte de la décadence, du purgatoire social et renvoie les mœurs vers ce qui existe de plus sombre de nos rapports humains avec en toile de fond ce doute qui nous habite de savoir si tout ça n’est qu’un show ou si au contraire il s’agit de l’exutoire d’un être malade qui n’a qu’une envie, faire un bras d’honneur à la morale chrétienne.

Texte et photos par Vassago

Setlist :

1 – Fat
2 – Und die Engel singen
3 – Schweiss
4 – Altes Fleisch
5 – Golden Shower
6 – Sport frei
7 – Tanzlehrerin
8 – Blut
9 – Allesfresser
10 – Prostitution
11 – Praise Abort
Praise Abort (Drago Baotic Smooth Version) – (enregistrement)
12 – Platz Eins
13 – Du hast kein Herz
14 – Skills in Pills
15 – Übers Meer
16 – Knebel
17 – Fish On
18 – Ich hasse Kinder
Home Sweet Home (enregistrement)