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N°145

HEART LINE – Yvan Guillevic

POWER GAMES

À peine un an et demi après la sortie de Rock ‘N Roll Queen, Yvan Guillevic contre-attaque avec Heart Line, le super groupe qu’il s’est construit afin de satisfaire son appétit insatiable en matière de hard et de rock AOR. L’artwork de ce troisième album, Falling Heaven, toujours signé par l’illustrateur Stan W Decker, annonce d’emblée la couleur, avec un chasseur soviétique bombardant le célèbre Hollywood Sign (il fallait oser dans le contexte actuel). Adieu l’ambiance glamour du Sunset Strip, donc. La Cité des Anges est en flammes, un signe prémonitoire aux récents incendies de Pacific Palisades et une analogie à la scène rock des années 80 et au « monde d’avant », lorsque les détonations du big rock américain se conjuguaient à un parfum de guerre froide. Le rock d’Heart Line se fait plus heavy et rugueux avec des riffs qui auraient pu figurer au menu d’un album de Dio. Guitare Xtreme Magazine a causé avec le guitariste et maître d’oeuvre de la troupe bretonne lors du récent Paris Guitar Festival. Yvan nous a parlé de Falling Heaven, du Big Rock Show (l’autre facette d’Heart Line), tout en évoquant le futur proche, avec une date au Backstage by the Mill à Paris le 17 mai.

©Yannick Delonglée

À peine un an et demi après la sortie de Rock ‘N Roll Queen, Yvan Guillevic contre-attaque avec Heart Line, le super groupe qu’il s’est construit afin de satisfaire son appétit insatiable en matière de hard et de rock AOR. L’artwork de ce troisième album, Falling Heaven, toujours signé par l’illustrateur Stan W Decker, annonce d’emblée la couleur, avec un chasseur soviétique bombardant le célèbre Hollywood Sign (il fallait oser dans le contexte actuel). Adieu l’ambiance glamour du Sunset Strip, donc. La Cité des Anges est en flammes, un signe prémonitoire aux récents incendies de Pacific Palisades et une analogie à la scène rock des années 80 et au « monde d’avant », lorsque les détonations du big rock américain se conjuguaient à un parfum de guerre froide. Le rock d’Heart Line se fait plus heavy et rugueux avec des riffs qui auraient pu figurer au menu d’un album de Dio. Guitare Xtreme Magazine a causé avec le guitariste et maître d’oeuvre de la troupe bretonne lors du récent Paris Guitar Festival. Yvan nous a parlé de Falling Heaven, du Big Rock Show (l’autre facette d’Heart Line), tout en évoquant le futur proche, avec une date au Backstage by the Mill à Paris le 17 mai.

L’ANNÉE DERNIÈRE, TU NOUS AVAIS PARLÉ DU BIG ROCK SHOW BY HEART LINE, CE SPECTACLE DÉDIÉ AU ROCK DES ANNÉES 80. COMMENT EST VENUE CETTE IDÉE ?

C’est venu d’un constat : en France, et plus largement en Europe, c’est très difficile de partir sur la route avec un projet hard FM, surtout s’il s’agit d’un groupe avec des compositions originales. Nous ne sommes pas aux USA et, même s’il existe ici un noyau dur de fans dévoués à cette musique, c’est très difficile à vendre, parce que les promoteurs ne nous font pas confiance. J’ai donc décidé de prendre le taureau par les cornes avec le Big Rock Show by Heart Line, un spectacle bien huilé entièrement dédié au hard rock des années 80. On joue tous les gros tubes des géants de cette époque : Europe, Foreigner, Whitesnake, Scorpions, Def Leppard, et le public répond présent. Nous avons fait notre coup d’envoi à l’Oceanis à Ploemeur devant 800 personnes et pas mal d’autres dates commencent à tomber. Le Big Rock Show by Heart Line nous permet de jouer davantage tout en continuant de véhiculer le nom et l’image du groupe, et nous en profitons pour jouer également nos propres chansons.

©Cédric Andreolli

QUAND VOUS ÊTES-VOUS LANCÉS DANS L’ÉCRITURE DE FALLING HEAVEN ?

Fin 2023, après quelques déboires niveau business, nous nous sommes retrouvés sans manager et sans beaucoup de perspectives niveau touring. L’année 2024 s’annonçait un peu compliquée et il nous fallait reprendre en main pas mal de choses. De ce fait, nous n’avions pas vraiment la tête à écrire de nouvelles chansons, et puis il y a eu un élément déclencheur lorsque Drouot nous a contactés pour faire la première partie de The Effect, le groupe de Trev Lukather. Nous sommes montés à Paris avec Manu Creis (chanteur, ndlr) pour faire un set acoustique et le public a été hyper réceptif. Cette date nous a tellement boostés que nous avons écrit « Wake Up » le jour même. J’ai proposé à Manu qu’on se revoie quelques jours plus tard avec nos guitares acoustiques pour profiter de cet élan et, sans mentir, en un week-end, nous avons maquetté les bases d’une douzaine de compos. À partir de là, tout a été très vite et l’album a été mis en chantier en septembre 2024.

N’EST-CE PAS AUSSI UN PEU PLUS QU’UN GROUPE DE REPRISES LAMBDA ?

Oui, ce n’est pas comparable à cinq mecs qui décident de monter un projet de covers. C’est un vrai groupe doté d’un son propre et d’une sensibilité particulière avec trois albums studio au compteur et qui propose un show bien produit, afin de rendre hommage à la musique qu’il aime et dont il est le spécialiste en France. C’est une vraie célébration et quand nous jouons « Maniac » ou « The Final Countdown », même si nous restons hyper proches des versions originales, les gens entendent la signature du groupe Heart Line, avec tout le feu et l’efficacité qui nous caractérisent.

« J’invite les programmateurs à essayer d’être moins frileux à l’égard des groupes comme le nôtre. Même si nous avons perdu beaucoup de nos illusions concernant ce milieu, nous sommes toujours surpris du manque de soutien que ces gens nous témoignent. »

CES NOUVELLES CHANSONS, CE N’EST DONC PLUS UNIQUEMENT TOI…

Mais Heart Line, ça n’a jamais été uniquement moi. J’apporte les fondations, on bosse ensemble avec Manu sur les mélodies de chants et les paroles, et tous les musiciens contribuent aux arrangements en se basant sur ce que j’ai esquissé sur les démos. La différence, cette fois, c’est que nous avons travaillé l’un en face de l’autre avec Manu, ce qui nous a fait gagner beaucoup de temps. On pouvait rebondir immédiatement sur les idées et, si quelque chose ne fonctionnait pas, on le savait d’emblée. Il faut dire que Manu est une machine à mélodies. Ensuite, je fais le tri dans toute cette matière et je structure les morceaux, parce que c’est mon projet et ma vision, même si au final nous sommes tous crédités.

©Cédric Andreolli

LA PRODUCTION EST VRAIMENT CHIADÉE, BEAUCOUP PLUS QUE SUR LES ALBUMS PRÉCÉDENTS. EST-CE DÛ À L’EXPÉRIENCE ACQUISE DERRIÈRE LA CONSOLE ?

Non, c’est vraiment un choix artistique. Le premier, Back in the Game, était volontairement un peu sous-produit, parce que je cherchais un son légèrement suranné. Rock ‘N Roll Queen était un peu plus léché et, pour celui-ci, j’ai voulu aller loin dans la prod en essayant énormément de choses. Au final, le son est vraiment super et les gens l’adorent. C‘est aussi dû à mon besoin de ne jamais refaire la même chose et de faire un son qui ne ressemble pas à celui des autres. J’ai horreur du côté « preset » de beaucoup de productions dans ce style. Qu’il s’agisse de la batterie, de la basse ou de mes guitares, je cherche quelque chose qui nous ressemble, quitte à ce que ce ne soit pas parfait. De toute façon, les albums ne sont pas censés être parfaits.

« J’ai horreur du côté « preset » de beaucoup de productions dans ce style. Qu’il s’agisse de la batterie, de la basse ou de mes guitares, je cherche quelque chose qui nous ressemble. »

D’AILLEURS, LE SON DE GUITARE EST NETTEMENT DIFFÉRENT, PLUS SOMBRE ET MASSIF…

La recette n’est pas la même, effectivement. J’ai toujours aimé la démarche d’un groupe comme Def Leppard. Sur High ‘n’ Dry, Pyromania et Hysteria, le son de guitare est totalement différent à chaque fois, et pourtant, c’est le même groupe et le même producteur. Cette fois, pour les guitares, j’ai fait pas mal de rythmiques avec une Les Paul qui a un son très plein et je doublais avec une Charvel et une Kramer. Il y a toujours mes amplis Kelt, avec un Torpedo Two notes Audio Engineering et puis, honnêtement, il m’arrivait souvent de plugger directement mon Mooer GE300 dans mon interface audio, voire un vieux Rockman pour certains sons clairs. Le son d’un album, ce n’est pas un son de scène et tous les moyens sont bons pour parvenir au résultat que l’on entend. Autre chose : les solos sont majoritairement des premières prises et certains proviennent directement des maquettes, d’où un feeling plus urgent et immédiat.

LE MOT DE LA FIN, YVAN ?

J’invite les programmateurs à essayer d’être moins frileux à l’égard des groupes comme le nôtre. Même si nous avons perdu beaucoup de nos illusions concernant ce milieu, nous sommes toujours surpris du manque de soutien que ces gens nous témoignent. Nous ne sommes pas amers, mais nous avons appris qu’il ne faut rien attendre de personne. Quitte à travailler un peu dans la douleur, il faut « faire » et il faut tracer. Quant à la communauté de Guitare Xtreme, écoutez Falling Heaven et venez vivre de bons moments avec Heart Line et le Big Rock Show. •

Ludovic Egraz

Teaser - Big Rock Show by Heart Line

Teaser - Big Rock Show by Heart Line