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N°139

LINKIN PARK + SLEEP TOKEN – PARIS LA DÉFENSE ARENA – 03/11/2024

L’annonce du retour de Linkin Park a sonné comme une bombe lorsqu’ils ont présenté il y a deux mois leur nouvelle chanteuse Emily Armonstrong et parlé d’un futur album. Trois singles plus tard qui cartonnent sur les plateformes et les réseaux, voilà enfin les Californiens de retour dans l’Hexagone et c’est dans l’immense Paris La Défense Arena qu’ils nous ont copieusement retourné la tronche.

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Les lumières s’éteignent, un laser frappe la scène avec un son d’infrabasse à plusieurs reprises, s’en suis une série de flashs sur les deux cubes LED avant que le groupe entre en scène presque sur la pointe des pieds, simplement. Et puis l’incroyable concert démarre et pas n’importe comment, ça commence par l’un des titres les plus diffusés en radio Somewhere I Belong. Premier constat, Emily Armstrong est en voix et son chant sur ce titre archi connu passe mieux que sur la vidéo du concert que Linkin Park avait postée sur les réseaux pour la présenter. Le timbre est un peu moins saturé en ce début de concert, la voix se chauffe. Évacuons tout de suite la question Chester vs Emily. Cette dernière à la très lourde charge de reprendre le flambeau auprès des fans et elle s’en sort remarquablement bien. On la sent encore un peu sur la réserve par moment scéniquement, mais elle n’est pas là pour enfiler des perles ! Et sur Crawling, elle va mettre tout le monde d’accord. Mais là où elle est complètement à l’aise c’est sur le nouveau matériel. Peut-être parce qu’elle se sent plus légitime ? Mais on la sent libérée. Fondamentalement, elle possède une voix plus puissante que celle de Chester (oui ça va en faire hurler quelques-uns, mais c’est un fait) et c’est sans doute là qu’est l’os sur les anciens titres. Chester en poussant plus pour atteindre des notes à la limite de sa tessiture donnait à sa voix saturée un déphasage léger qui faisait sa personnalité. Certes Emily n’effacera jamais Chester et ce n’est pas ce qu’on lui demande, mais c’est une chanteuse extrêmement douée qui va permettre à Linkin Park de continuer sa route.

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Shinoda, l’autre gros bonnet du groupe qui maintenant fait même figure de leader arpente la scène tantôt avec sa guitare, tantôt sans, il passe aussi derrière le clavier, il est partout, il rap, il chante. On ne verra pas les deux chanteurs trop se rapprocher, les deux préférant se partager la scène pour occuper le terrain au maximum des deux côtés en se croisant au centre furtivement. Le reste du groupe est plus discret et joue les arbitres. Il faudra attendre six chansons avant d’entendre en live le premier single de From Zero : « The Emptiness Machine ». Le public accueille ce titre exactement comme le reste de l’ancien répertoire. C’est assurément un pari réussi pour le groupe qui rassure quant à l’accueil du public concernant les nouveaux titres. Linkin Park jouera également Over Each Other avec Emily à la guitare et Heavy Is The Crown, soit les trois singles. Tout le reste de la setlist est réservé aux anciens morceaux, pour le plus grand bonheur des fans. Et toutes les périodes sont là. Le groupe aura joué presque deux heures dans une Arena pleine à craquer. Le show est entrecoupé de petits intermèdes electros, soutenus à grand renfort de lasers et de flashs. Le groupe s’adressera au public plusieurs fois avec des discours assez convenus. C’est Emily qui ouvrira le bal, elle dira un timide bonsoir en français après s’être fait prier par l’assemblée. Linkin Park n’est pas le genre de groupe à trop s’étendre et il aura fallu attendre 40 minutes de show pour ces quelques mots et il faudra 10 minutes de plus à Mike Shinoda pour en faire autant et baragouiner quelques phrases dans un français très approximatif (mais on apprécie l’effort). Beaucoup de remerciements et tout particulièrement pour l’accueil d’Emily.

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Le DJ Joe Hahn nous servira un solo aux platines, le bon moment pour aller chercher à boire… D’autant que sa prestation est enchaînée avec un rap dispensable qui rappelle que le groupe a aussi tenté des choses moins rock. Plus tard My December sera interprétée en acoustique, Lost aura sa short version piano/voix et après 1h45 de show, c’est le moment du rappel avec trois titres supplémentaires entrecoupés de quelques mots pour le public. C’est avec émotion que le spectacle prend fin. Le temps d’une soirée Linkin Park nous aura fait revivre une partie de nos jeunes années musicale. Une mélancolie bienvenue, régressive comme on l’aime, mais heureusement passagère. Dès l’extinction des lumières, nous redevenons les adultes responsables que nos sociétés réclament et repartons prendre nos places dans le trafic.

Vassago

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