Edito
S’il y a une chose qui caractérise notre rapport à la guitare c’est certainement la passion, celle qui nous fait consacrer un temps parfois déraisonnable à notre instrument. Entendons-nous bien, le déraisonnable est le qualificatif qu’utilisent ceux qui ne sont pas impliqués de la même manière : notre entourage, nos familles, nos collègues de travail et, dans les cas les plus dramatiques, nos collègues de groupe.
Pourtant, sans passion il est impossible de se dépasser et d’atteindre soit le niveau technique nécessaire à notre art, soit la connexion émotionnelle dont on a besoin pour s’exprimer à travers nos cordes (soyons clair, l’un et l’autre sont nécessaires et demandent du travail ; ceux qui pensent ou disent le contraire sont soit des charlatans, soit des fumistes).
Certes, une part du chemin passe par le fait d’avoir le bon matériel, mais ce n’est rien en comparaison du temps passé à jouer, à se planter, à recommencer, à progresser petit à petit et à être capable de dépasser les phases inévitables de découragement. Si d’ailleurs vous passez plus de temps à chercher du matos en regardant des videos et en faisant les petites annonces qu’à travailler au métronome et que vous constatez que vous ne progressez pas assez à votre goût, c’est qu’il y a peut-être des priorités à revoir.
C’est un peu cette histoire que nous raconte John Petrucci : une certaine idée de la persévérance et d’une vraie connexion à la musique qui n’est pas qu’une posture de principe. Certes, le rock est fait de frime et de paillettes mais, inévitablement la sueur est sous-jacente et ne saurait être négligée, sauf qu’il est parfois nécessaire qu’on ne la perçoive pas trop. Si Frank Gambale joue de manière aussi fluide sans donner l’impression qu’il peine, c’est juste qu’il a l’élégance de ne pas nous infliger trois heures d’échauffement en public. Quand il monte sur scène ou joue en studio, il est « prêt », à la manière d’un athlète qui se présente aux J.O. Nous finirons ce tableau par une citation de Richard Daudé, pendant les séances de studio pour l’album United Guitars, Vol. 3 : « Parfois on me dit "non mais pour toi, c’est facile de jouer ces plans hyper techniques", mais s’ils savaient le temps quotidien que ça me prend pour que ça me soit facile au final... »
Profitez bien de ce numéro, inspirez-vous de nos rubriques pédagogiques, faites vous plaisir avec les tests de matériel et surtout : jouez !
La Rédac’
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Numéro 106
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