Edito
ROCK’N’ROLL FOREVER
On peut se lamenter ou s’en réjouir, le rock’n’roll reste et restera attaché à la guitare électrique. C’est le style qui en a fait l’instrument phare de la seconde moitié du XXsiècle, plus que n’importe quel autre, notamment parce que la saturation a transfiguré le rapport du musicien à la note qui pouvait se prolonger indéfiniment par l’action conjointe du vibrato et du feedback avec l’ampli.
Parmi les grands précurseurs de cette course à l’électricité et à la saturation, difficile de ne pas mentionner Jimmy Page, riffeur en chef de Led Zeppelin, dont l’influence sur toute une génération de musiciens de l’époque se prolonge encore aujourd’hui sur les plus jeunes. On pourra s’inquiéter du fait que la relève stylistique tarde et que les plus novateurs sur l’instrument n’ont pas le succès de leurs aînés. Il est vrai que nous surfons, commercialement s’entend, sur des styles dont les bases ont été posées, pour les plus récents à avoir connu un succès mondial, au plus tard dans les années 1990, et cela fait déjà trente ans. On fête cette année les 50 ans de nombreux albums mythiques (comme Houses of the Holy, par exemple), Joe Satriani qui faisait figure de jeunot par rapport à Page frôle les 70, Paul Gilbert se déplace provisoirement en déambulateur... ça peut en dire long sur l’âge de ceux qui s’intéressent à cette musique, et par déduction, à son avenir. Cela fait plusieurs fois qu’on nous annonce la mort définitive du rock’n’roll et de la figure du guitar hero dans les médias mainstream... Alors on fait quoi ?
À notre avis, on a surtout intérêt de continuer à aller voir des concerts et profiter des légendes de la guitare tant qu’elles sont encore vivantes et prennent la peine de venir jouer en France. En quelques mois on aura Satriani, Mr. Big et Metallica à portée de main, et on ferait bien de ne pas parier sur les probabilités que la chose puisse se reproduire indéfiniment. Et puis pour ceux qui en ont l’occasion (ou peuvent la provoquer), sortons nos guitares et jouons fort, l’heure de la retraite n’ayant pas encore sonné pour le plaisir que procure un stack Marshall poussé dans le rouge.
La Rédac'
Numéro 122
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