Edito
Disparu il y a déjà trois ans et demi, Edward Van Halen incarnera à jamais l’un de ces rares musiciens dont l’influence a profondément marqué les esprits et possède le pouvoir de transcender les genres. Que l’on soit ou non amoureux de sa musique et du groupe Van Halen, son approche unique et innovante de l’instrument nous a tous un peu façonnés. Combien de guitaristes de l’ancienne génération ont totalement vrillé en entendant « Beat It » de Michael Jackson et son solo totalement impressionniste et « out of the blue », ou bien au cinéma lors de cette scène irréelle de Retour Vers le Futur, où Marty McFly déguisé en extraterrestre pose un casque sur les oreilles de son paternel en pleine nuit, glisse dans son Walkman Aiwa une cassette Maxell sur laquelle est écrit au feutre le nom « Edward Van Halen » et le sort brutalement de son sommeil à grand renfort de dive bombing et d’harmoniques hurlantes ? Certainement des milliers. Plus proches de nous, les papes de l’electro pop Daft Punk avaient mis bout à bout des samples pour inventer de fabuleux pastiches de solos d’Eddie sur leurs tubes « Digital Love » et « Aerodynamic », infusant cette esthétique dans les neurones de toute une nouvelle génération pas vraiment férue de rock à la base. Le son de sa guitare et le pattern stripé qu’il peignait sur ses instruments (qui est devenu son trademark) sont des symboles à part entière des années 80, à l’instar de Space Invader, des bandanas, des Goonies et du Rubik’s Cube, et l’album 1984 (le premier à avoir été forgé au Studio 5150) encapsule plus que tout autre ce sentiment fun, de toute-puissance, d’extravagance et de liberté. Avec le concours de Xavier Hamon, guitariste pro qui est certainement le plus grand fondu d’Eddie vivant dans l’Hexagone, nous avons reconstitué l’histoire de ce trésor, marqueur d’un bouleversement dans la vie de ce guitariste hors norme et dans l’histoire du rock’n’roll. Nous avons également usé de rétro-ingénierie afin de tenter de démystifier la dimension sonore de son travail, pour non seulement retrouver sa configuration studio de l’époque (qui anticipait clairement l’ère Hagar), mais également vous fournir une boîte à outils pour comprendre les arcanes de ce son et le reproduire à la maison.
Nous vous souhaitons une excellente lecture !
Ludovic Egraz
Numéro 131
7,90€