Edito
Déraillement climatique, crises énergétiques et migratoires, tensions géopolitiques, spectre du basculement des États vers un contrôle de masse, appauvrissement culturel, interrogations existentielles sur fond d’infiltration des intelligences artificielles dans les moindres interstices de nos vies... L’enfoncement inexorable et effrayant de notre civilisation vers un avenir dystopique semble de plus en plus tangible (comme quoi, George Orwell, Ray Bradbury et Philip K. Dick n’écrivaient pas que des conneries). Bon, OK ! Nous noircissons un peu le tableau, mais alors juste à peine. Et d’ailleurs, cette insidieuse et funeste progression n’expliquerait-elle pas partiellement la raison pour laquelle nous éprouvons de plus en plus le besoin impérieux de nous raccrocher à des éléments qui nous rassurent, à des sensations, des sons et des odeurs que l’on connaît et qui nous reconnectent à une époque dorée définitivement perdue, vécue par certains et fantasmée par d’autres ? Les fantômes des années 60, 70, 80 et 90 ne sont-ils pas comme des doudous que l’on serre contre soi pour oublier cette anxiété rampante, en nous picousant le cerveau à grand renfort de retrogaming, de revival classic rock et de culture vintage ? That is the question ! Bon, en attendant, c’est Slash qui fait la couv de ce numéro 135, de quoi faire verser une larmichette aux nostalgiques de la Guns N’Roses mania, ainsi qu’à ceux qui ont découvert le rock et la Les Paul il y a 17 ans en jouant à Guitar Hero III: Legends of Rock. L’homme au chapeau nous cause de son hommage au blues, son plaisir régressif à lui, et de sa bonne mamie qui le dorlotait jadis en lui faisant des cookies et en lui passant des albums de B.B. King... C’était peut-être mieux avant, finalement.
Ludovic Egraz
Numéro 135
7,90€