Edito
Violence, chaos, mort et destruction... quatre mots qui pourraient parfaitement résumer le parcours de Slipknot, une entité complexe, un agrégat de personnalités hétéroclites, une organisation belliciste et impitoyable dans laquelle chaque membre doit lutter pour sa propre survie et où la force et la virilité finissent toujours par l’emporter sur les névroses et la vulnérabilité. La musique et l’imagerie de Slipknot nous renvoient aux aspects les plus morbides, effrayants et décadents de la société américaine, celle des Etats laissés pour compte, de la ruralité précaire et des métropoles en déliquescence qui engendrent les meurtriers prédateurs et les tueries de masse. Synchronicité plus que troublante, le premier album du groupe, qui fête son 25e anniversaire, est sorti seulement deux mois après le tristement célèbre massacre de Columbine. La cohorte de l’Iowa continue de tout écraser sur son passage, implacablement, et Slipknot est aujourd’hui en passe de devenir le groupe le plus important de l’histoire du metal après Metallica, mais à quel prix. Guitare Xtreme Magazine a pu se faufiler dans les backstages de l’Accor Arena, le schlass entre les dents, pour interviewer les deux guitaristes Jim Root et Mick Thomson, un moment dans l’antre du monstre que nous n’oublierons jamais. Totalement dédiés à leur art, les deux colosses partagent leur passion pour la musique et la guitare avec empathie, mais se transforment en machines hostiles nées pour envoyer du riff saignant jusqu’à ce que mort s’ensuive aussitôt qu’ils ont endossé leurs combinaisons de taulards et leurs masques aux expressions inhumaines. Notre photographe Nidhal Marzouk l’a appris à ses dépens durant la (très courte) séance photo glaçante qui s’est déroulée quelques minutes avant le début du show. Comme dans une sorte de transe maléfique, #4 et #7 n’étaient pas réellement dans la pièce avec nous et leurs esprits s’étaient déjà téléportés dans cet univers de cauchemar et de désolation aussi fascinant que répugnant, un spectacle grand-guignolesque dans lequel la laideur de l’humanité s’exprime dans toute sa théâtralité. La couverture la plus « evil » de toute l’histoire de Guitare Xtreme Magazine.
Nous en profitons pour vous souhaiter à toutes et à tous une excellente année 2025, remplie de bonheur et de rock’n’roll.
Ludovic Egraz
Numéro 141
7,90€