Edito
Choisir un instrument n’est jamais simple. Notre culture de l’instrument est tellement imprégnée des réussites industrielles des années 1950 et 1960 qu’il est compliqué de s’extraire de l’emprise psychologique du vintage et des canons qu’il impose. Pourtant, ce que nous appelons les « guitares vintage », pour nos aînés, c’étaient tout simplement des guitares. À un moment donné, la réussite de Gibson, Fender ou Gretsch a tenu à la synergie entre des musiciens et la vision d’un artisan un peu plus malin que les autres. Or, des artisans, de nos jours, il en existe des dizaines, et souvent juste à côté de chez nous. Si on compare avec les années 1970 ou 1980, où seuls quelques fabricants (Jacobacci, Vigier, RV, Favino...) étaient suffisamment qualitatifs pour tenir tête aux leaders américains, nous vivons dans une époque bénie. Dès lors, on peut suivre la hype du moment en achetant les valeurs sûres du marché ou prendre le risque de jouer sur un instrument fabriqué sur mesure et à la main par un artisan à l’écoute de son client, en ayant pu choisir les matériaux, l’électronique et / ou la finition. L’argent reste en local, là où il est utile, et sert en plus, dans le meilleur des cas, à payer des fournisseurs eux aussi français. On a ainsi la sensation de faire un achat utile, éthique et vu que la plupart des fabricants ont une conscience écologique, on souillera un peu moins la planète.
C’est pour cette raison que nous avons lancé en 2022 cette initiative de mettre en valeur les artisans français, qu’ils soient luthiers, fabricants d’amplis, de pédales ou d’accessoires. L’idée est de vous présenter un panorama (jamais exhaustif et croyez bien qu’on le regrette) des fabricants pour d’abord vous donner l’envie d’aller vers ceux dont la démarche vous interpelle ou résonne. À ce propos, un premier conseil : allez vers un luthier ou un fabricant qui fait des instruments ressemblant à ce que vous aimez plutôt que d’essayer de faire fabriquer un custom ultime. Nous avons entendu trop d’histoires de musiciens, soit trop avides d’avoir un instrument totalement sur mesure sans prendre en compte les contraintes et le principe de réalité in fine, soit n’arrivant pas à faire un choix et à force de compromis, finissant par commander un instrument trop consensuel ou bardé d’options électroniques inutiles (par peur de manquer sans doute ou par envie de rentabiliser). Deuxième conseil : amenez chez le luthier un instrument que vous connaissez bien pour comparer avec sa production et ne pas vous laisser influencer par l’environnement. Troisième conseil : allez à la rencontre des luthiers dans les salons, c’est le meilleur moyen de jauger de la qualité de fabrication et des émotions que vous provoque tel ou tel instrument. Enfin, soyez patient : certains fabricants ont plusieurs mois de délai. Dites-vous que c’est ça la norme, et c’est la production standardisée à des milliers d’exemplaires qui nous a habitués à une disponibilité immédiate de tout.
On espère que vous prendrez plaisir à découvrir ces fabricants et leurs créations, entre les habitués de ce guide et les petits nouveaux. Nous essayons d’ouvrir nos pages au maximum, tant que le niveau est là et la démarche suffisamment singulière.
Les Éditions BGO seront elles aussi présentes au Paris Guitar Festival à Montrouge, les 7, 8 et 9 mars prochain. Nous y tiendrons un stand avec nos collègues de Guitare Sèche, Le Mag et de Bassiste Magazine et espérons vous y retrouver nombreux !
D’ici là, bonne lecture à tous,
Regis Savigny
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