Edito
L’air ambiant sent un peu l’œuf pourri ces derniers temps, vous ne trouvez pas ? L’état de crise, réel ou spéculatif, l’insécurité sociale et économique, le sentiment de trouille dans lequel puissants et médias nous enlisent… tous les ingrédients sont réunis pour que les pensées les plus viles remontent à la surface, et pour qu’une partie de la rue se mette à scander des horreurs que nous n’avions pas entendues résonner sur les pavés depuis au moins 70 ans. What the fuck ? C’est probablement dans ces périodes troublées, quand il devient parfois difficile d’apercevoir le bout de son nez que l’art, et tout particulièrement la musique, prend toute son importance. Le chant de l’âme, qu’il provienne de deux cordes vocales en train de vibrer, d’une peau tendue ou bien, pour nous autres guitaristes, de la membrane rageuse d’un haut-parleur de Marshall, nous montre à quel point l’être humain est capable de se transcender intellectuellement, physiquement et surtout émotionnellement. Alors au lieu de pourrir l’ambiance, tous les serviteurs de la haine devraient s’asseoir un instant, et simplement écouter les œuvres « Xtremement » excitantes de nos invités, pour la plupart des maîtres de la guitare électrique, et qui, chacun dans leur domaine, vouent leur existence à assembler et malaxer des notes pour atteindre un état de grâce, et se connecter à cette onde, cette source intarissable d’amour, qu’elle soit divine ou simplement spirituelle (chacun ses croyances). Écouter les nouveaux albums de Bruce Springsteen, Gus G., Matt Schofield, Robben Ford ou Steel Panther ne réclame aucun effort de réflexion, mais seulement de se taire, d’ouvrir bien grand ses oreilles, et de se laisser porter par la musique. Une chose est certaine : cette expérience ouvre le cœur et tend à nous rendre beaucoup plus tolérants. Bonne écoute et bonne lecture !
Numéro 61
6,30€