Edito
Durant la préhistoire de la saturation, c’est la fuzz qui régnait en maîtresse absolue sur le monde de la guitare rock. Le principe : émuler le son d’un ampli agonisant prêt à imploser, par le truchement de deux ou trois transistors germanium, aussi chaotiques et imprévisibles que le rock est censé l’être. Dès les premières couches de crasse déposées sur la bande par les Rolling Stones, Jeff Beck, Led Zeppelin ou encore les Ventures, les guitaristes ont commencé à brosser leur son à rebrousse-poil, usant de ces boîtes maléfiques pour exprimer leur révolte et leur folie. Les groupes psychédéliques américains, notamment, ont carrément érigé leur utilisation de la fuzz en une science subversive. L’avènement des premières distorsions et autres amplis hi-gain ont fini par avoir raison de ces vieux pots à graillon, qui ont pris la poussière durant les 80’s, ère damnée des racks frigides et des premières unités d’effets numériques. Il aura fallu attendre l’arrivée des groupes indie et des grungeux pour que les Fuzz Face, Tone Bender et autres Big Muff retrouvent leur place sur les boards de musiciens avides de sensations soniques…youth ? Aujourd’hui, la fuzz, pleinement ressuscitée, se retrouve clonée, transformée, améliorée, détournée, modernisée et canonisée par les plus grandes marques d’effets bien sûr, mais aussi, et surtout par une kyrielle de fabricants boutique, véritables artisans qui font preuve d’une créativité bouillonnante. Guitare Xtreme Magazine paie son hommage à cette putain de fuzz, vous raconte son histoire, son évolution, ses héros et dresse un état des lieux du marché avec la dissection d’une trentaine de modèles qui ont beaucoup d’arguments pour vous faire disjoncter. Bonne lecture !
Numéro 71
6,30€