Edito
La fin de la saison a été très éprouvante pour tout le monde, surtout pour ceux qui ont souffert directement de ces attentats ignobles. Pas simple de garder le moral et la foi lorsque face à l’horreur, la moindre tâche du quotidien semble dérisoire et vide de sens. Chez Guitare Xtreme Mag, nous avons pris la décision de nous réfugier sous un amas de pédales wah wah, que nous avons testé durant tout le mois de juillet avant de fuir la capitale pour partir quelques semaines au soleil. Dans nos bagages, nous avons emporté Loud Hailer, le nouveau brûlot du vieux frondeur Jeff Beck. Plus que jamais au taquet, vif et créatif, le guitariste de 72 ans parvient à nous livrer l’album le plus frais et pertinent de cette fin d’année. Epaulée par les filles du duo londonien Bones (et quelques sidemen italiens), la Fender du Jeffrey chante, hurle, vrombit et implose même parfois, habillant une mixture musicale urbaine à base de blues, de hip-hop, d’électro. Surtout, sa six-cordes est porteuse d’un message, bien ancré dans l’air du temps, que l’on peut décrypter dans la rage du jeu de Jeff, dans les paroles des chansons, et sur l’artwork de l’album, mosaïque de photos de manifestants brandissant des pancartes, disposées autour d’un mégaphone: « We Have Hope », « The Revolution Will be Televised », « I’m Scared For The Children », et cette Strato blanche, brandie d’une main vigoureuse (la sienne ?) au dos de laquelle on peut lire un « WAKE UP » (réveillez-vous) écrit en grosses lettres. Le monde s’enflamme, et plutôt que de souffler sur les braises de cette folie, El Becko élève la voix et tente de nous ramener à la raison, avec beaucoup d’urgence et de poésie. La grande classe ! La rédac !
Numéro 76
6,30€