Edito
Difficile de dire adieu à un artiste qui a couché sur bande la B.O de nos vies. À l’instar de Chuck Berry, Bo Diddley, Keith Richards, Pete Townshend et quelques autres oiseaux rares, Malcolm Young faisait partie des architectes du rock’n’roll. Visionnaire inspiré et besogneux, le petit homme a élevé son art du riff au niveau d’une science. Oui, vous avez bien lu : d’une science. Alchimiste du son, de l’attaque et du placement rythmique, Malcolm était capable de transformer et d’assembler quelques éléments fondamentalement primitifs pour en faire une pièce de musique incompréhensible et insondable. Nous avons tous essayé un jour de jouer la musique d’AC/DC, avant de rester hébétés devant cette mécanique de haute précision, cette pulsation sauvage assénée avec une rigueur mathématique, comme si le nombre d’or, responsable de tout ce qui est beau, puissant et parfaitement proportionné dans l’univers, régulait les battements du coeur de Malcolm et la transmission des impulsions électriques de ses cortex jusqu’aux terminaisons nerveuses de ses doigts. Dans ce royaume de l’illusion qu’est AC/DC, tout se ressemble, mais rien n’est jamais pareil. Une ghostnote frappée à la mauvaise intensité et l’énergie du riff s’affaisse. Une note de trop ou de moins dans un accord, et le morceau devient presque caricatural, sans parler de cette interaction entre sa Gretsch et la SG de son frère Angus, à l’origine de bien des mystères insondables (la fameuse introduction de « Touch Too Much » contre laquelle même les meilleurs cover bands du monde se cassent systématiquement les dents). Malcolm est parti, emportant dans la tombe toute cette magie, et même si nous pourrons toujours écouter AC/DC à fort volume jusqu’à ce que nos tympans ne soient plus capables d’encaisser, plus rien ne sera plus jamais comme avant. For Those About to Rock : We Salute You !
La rédaction de Guitare Xtreme Magazine vous souhaite une excellente année 2018.
Numéro 84
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