Edito
Dans l’histoire encore toute balbutiante de la guitare électrique, deux tendances ont commencé à se distinguer dès la fin des années 1960. D’un côté, nous trouvons les puristes du rock à tendance minimaliste, vous savez, ceux qui s’autoproclament souvent détenteurs du bon goût. L’arbre généalogique de cette famille remonte aux fondations du blues rural, et ses ramifications les plus hautes ont vu bourgeonner le punk, l’indie rock ou encore la Britpop. Une certaine idée de la musique qui voudrait que de jeunes gens bien habillés se cantonnent à servir la sacro-sainte chanson en jouant peu de notes, si possible en affichant une certaine désinvolture. Why not ? De l’autre, il y a les excessifs, les virtuoses purs et durs qui vivent leur passion de façon explosive, donnant parfois dans l’extravagance absolue et la débauche de pyrotechnie. Cette seconde catégorie a largement émergé après la révolution du British blues et Jimi Hendrix, et a poursuivi sa mutation avec Ritchie Blackmore, première incarnation du guitar hero tendance néo-classique, et bien sûr avec Van Halen, et les bredouillements du shred. Yngwie Malmsteen a poussé sur cette branche maudite que beaucoup de rock critics auraient aimé scier. Dans son monde rococo, les murs de Marshall s’érigent comme des murailles de château fort, les Statocaster se changent soit en épée soit en Stradivarius de l’apocalypse, les Ferrari en montures chevalines et les montres Rolex en apparats de roi. Rien ne semble pouvoir ébranler les certitudes du great master, qui malgré toute l’ampleur de sa kitchitude reste le maître du baroque’n’roll et un guitariste touché par la grâce divine. Alors, enfilez vos futals en cuir moulants et vos chemises à jabot, creusez vos joues, lancez votre jambe en l’air lors d’une furieuse descente de manche et accueillez comme il se doit Blue Lightning, la nouvelle offrande du maestro enfantée sous le signe de la blue note. Ah oui! Après cette infusion suédoise, écoutez aussi les Smiths et les Strokes
Le répertoire de notre instrument est riche et vaste, alors profitons-en !
La Rédac’
Numéro 91
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