SABATON – ACCOR HOTEL ARENA – 28/11/2025

Pour sa croisade The Legendary Tour, Sabaton a mis les petits plats dans les grands. Après un Zenith blindé a craqué en 2023, les guerriers suédois se sont offert l’Accor Arena, rien que ça ! Histoire de parfaire le tableau, l’ensemble symphonique The Legendary Orchestra avait la responsabilité d’ouvrir les hostilités en reprenant des classiques du groupe en version orchestrale. Guitare Xtreme Magazine était sur place (vous retrouverez bientôt notre interview croisée avec Thorbjörn Englund et Chris Rörland et notre session photo réalisés backstage avant le show). Allez, on vous raconte !
Formé cette année à l’initiative du bassiste de Sabaton Pär Sundström, The Legendary Orchestra n’a qu’une seule mission : jouer du Sabaton réarrangé violon, alto, violoncelle, contrebasse, vielle à roue, flûte, hautbois, trompette, cors, trombone, tuba, percussions et chœur. Les arrangements sont signés Joost van den Broek, un producteur hollandais qui a travaillé avec un paquet d’artistes de la sphère heavy comme Powerwolf, Arjen Lucassen, After Forever ou encore Epica. Comme pour n’importe quel orchestre, nous avons un premier violon. C’est l’Américaine Mia Asano (connue pour avoir collaboré avec des groupes comme Dragonforce ou Trans-Siberian Orchestra) qui a la lourde charge de faire pleurer ses cordes sur les solos les plus compliqués de Sabaton. De l’autre côté de la scène crénelée, nous avons Patty Gurdy qui apporte une touche celtique et médiévale en jouant des instruments traditionnels. Elle aussi est connue pour sa carrière solo et ses collabs avec Alestorm et Ayreon, entre autres. Enfin, en guise de première voix et de cheffe d’orchestre, nous retrouvons Noa Gruman, la chanteuse de Scardust. Que du beau monde, donc. Comme entrée en matière, les fans de Sabaton ne pouvaient pas rêver mieux. The Legendary Orchestra nous a mis directement dans l’ambiance avec une musique riche, vivante, nous invitant à découvrir cette nouvelle lecture des hymnes des Suédois. Les trois stars de la formation sont belles, talentueuses et très engagées dans ce qu’elles font. On pourrait même imaginer que la formation devienne un projet à part entière en élargissant son répertoire. Une très belle découverte.




Mais c’est pour Sabaton que le public s’est déplacé, et après avoir pu monter sur scène l’après-midi et avoir un aperçu de la scénographie, nous savions que le show allait être grandiose, le genre de concert qui en met tellement plein les oreilles et les yeux qu’il faut quelques heures pour redescendre. L’entrée en matière s’opère par le biais de Napoléon Bonaparte qui, acclamé par le public français, en perdra même son texte et partira en improvisation. La Marseillaise sera chanté une première fois (elle reviendra au moins quatre fois durant le show) et il faut bien reconnaître qu’un hymne chanté spontanément par 12 000 personnes, ça donne la chair de poule. De plus, comme il s’agit d’un chant guerrier, on garde le nez dans la choucroute. La saynète se poursuit avec d’autres acteurs qui interprètent Genghis Khan et Jules César. Ces mises en scène sont amusantes, mais quand même un peu longuettes. Lorsque les templiers débarquent, les gardes anonymes se découvrent et les membres du groupe apparaissent enfin ! En toute logique, le show démarre avec le titre « Templars ». À ce moment-là, le groupe se trouve sur la scène B en plein milieu du public, une passerelle descend du plafond, et les Suédois rejoignent la scène principale. La dernière fois que nous avions vu une ouverture aussi grandiose, c’était avec Rammstein. La scène, dantesque, présente un décor de château fort (pas de char d’assaut cette fois). Le batteur Hannes Van Dahl est surélevé sur une plateforme tenue par des mains énormes, et malgré le thème guerrier, il y a un petit côté Disney qui sent bon le carton-pâte. Le groupe, loin de jouer la carte de la violence gore, préfère utiliser sa testostérone pour offrir un divertissement plutôt léger, qui ne se prend jamais vraiment au sérieux. Dans le public, on peut voir des fans venus déguisés en poilu ou en officier médaillé, des métalleux de tous les âges venus avec l’envie de célébrer les conquérants historiques en musique.



Il va être difficile de parler de tous les tableaux sans en oublier, tant les Suédois ont eu à cœur de proposer un show complet, à l’image de celui d’un Kiss à la grande époque. Car c’est bien de ça qu’il s’agit : un show. Nous sommes dans autre chose qu’un simple concert, et rien que le budget pyro doit représenter la moitié de la production, et croyez-le bien, nous avons eu notre compte de flammes. Chaque titre devient un tableau visuel avec des coups de canon, des changements de costumes, des percussions, des confettis de taille A5, des explosions. Deux écrans latéraux retransmettent de ce qui se passe sur scène, mais aucune image d’habillage ou de synchro avec des clips ne viendra soutenir la musique. C’est à l’ancienne !

Musicalement, le groupe fera la part belle aux deux derniers albums en date, Stories From the Western Front et Legends, complétant avec des titres plus anciens pour les fans de la première heure. Les musiciens assurent au-delà du professionnalisme et Sabaton fait preuve d’un savoir-faire technique imparable. Joakim Brodén n’est pas le meilleur chanteur de la planète heavy metal, mais avouons que son timbre grave et martial colle parfaitement à l’ensemble.


Après la dernière chanson, le groupe salue son public avec en fond sonore un « The Last Battle » très à propos. Le public sort de la salle pour retourner à la « vraie vie » dans un état de sidération. Sabaton nous a offert une expérience live en immersion totale. Le choix des campagnes guerrières aurait pu en faire un concept clivant et borderline, mais au contraire, le groupe nous extirpe du réel pour nous raconter des histoires dépourvues d’idéologie politique. Un très grand show!





Texte et photos par Vassago
Setlist :
1 – Templars
2 – The Last Stand
3 – Hordes of Khan
4 – I, Emperor
5 – Crossing the Rubicon
6 – Carolus Rex
7 – The Red Baron
8 – Stormtroopers
9 – A Tiger Among Dragons
Solo de batterie
10 – Christmas Truce (avec The Legendary Orchestra)
11 – Soldier of Heaven (avec The Legendary Orchestra)
12 – The Attack of the Dead Men (avec The Legendary Orchestra)
13 – Night Witches (avec The Legendary Orchestra)
14 – Primo Victoria (avec The Legendary Orchestra)
15 – Steel Commanders (avec The Legendary Orchestra)
16 – The Art of War


