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N°147

Two notes Audio Engineering Torpedo Reload II – Retour gagnant

Two notes a durablement changé la manière d’envisager la prise de son en studio et surtout en home studio depuis des années. La refonte du Reload est l’occasion pour nous de voir à quel point la marque française a revu sa copie et l’a adaptée aux demandes des musiciens pro. Nous avons pu, pour quelques semaines, accueillir dans notre studio le Reload II et l’avons confronté à quelques situations courantes pour voir comment il s’en sortait. L’occasion de faire chauffer les lampes et d’éviter les acouphènes. Enfin presque.

Une certaine philosophie

S’il est indéniablement un des outils de studio / home studio les plus pro du moment, le Reload II ne doit pas être confondu avec d’autres produits, notamment ceux de chez Two notes. Entendez par là qu’il est prévu pour faire certaines choses et ne peut se substituer, par exemple, à un lecteur d’IR comme le Torpedo Live ou le Captor X. À vrai dire, le Reload II est totalement analogique et ne simule aucun baffle, aucun ampli de puissance ni préampli, rien qui ne puisse être réellement sexy d’un point de vue marketing actuel. Nous allons donc essayer de définir, dans un premier temps, ce qu’il est exactement. Le Reload II est avant tout un appareil destiné à encaisser la puissance de votre tête ou combo préféré, puis à la convertir au niveau ligne pour être soit envoyée vers votre carte son ou simulateur préféré (un CAB M+, par exemple), soit vers une paire de baffles via un amplificateur stéréo embarqué. L’intérêt ? Récupérer un signal après l’étage de puissance de votre ampli sans devoir subir le volume qui va avec, si vous étiez branché sur votre baffle habituel. Ensuite, libre à vous de lui appliquer une simulation via IR (par exemple, dans votre ordinateur, puisqu’une licence Genome vous est offerte avec un tas de réponses de haut-parleurs mythiques) ou de rediriger le signal non traité vers votre baffle habituel via l’ampli intégré. Ainsi, vous pouvez tirer le meilleur de votre ampli en allant chercher sa zone de confort (qui n’est jamais celle de vos tympans, ni celle de vos voisins, ni celle du patron du bar).

Nouvelle présentation

Le Reload II se présente sous la forme d’un boîtier dit « table top » pour aller soit sur votre ampli, soit sur votre bureau de studio. Il comporte une entrée au niveau haut-parleur (200 W maximum) reliée à un dissipateur actif, conçu en collaboration avec Celestion. Ce dernier va se comporter exactement comme un haut-parleur, en gardant une impédance fixe quel que soit le volume de sortie du Reload II. Votre tête d’ampli conservera donc toujours le même son, peu importe le volume. On dispose d’une boucle d’effet qui va nous permettre d’intégrer des traitements au signal récupéré. Ensuite, on se dirigera soit directement vers les sorties haut-parleur qui distillent 215 W par canal, de quoi voir venir, soit vers votre carte son ou votre table de mixage, en utilisant soit les sorties jack au niveau ligne, soit les sorties symétriques au format XLR. Vous pourrez ainsi (à condition d’avoir appliqué une IR via un CAB M+ dans une des deux boucles) envoyer la quintessence de votre son directement dans la façade en limitant les aléas du numérique au strict minimum (la simulation de haut-parleur). Vous pourrez également appliquer l’IR dans votre logiciel d’enregistrement favori en utilisant la licence Genome fournie. La façade avant dispose de nombreux contrôles permettant, d’une part, de choisir l’impédance du Reload II pour l’adapter à votre amplificateur, mais aussi de contrôler le volume de sortie, même de changer un peu le rendu du signal pour récupérer par exemple un peu de brillance ou du gras via les contrôles Presence et Depth. Enfin, un petit switch vous offrira la possibilité de conserver un comportement dynamique et musical, même à très bas volume. Petit regret, on aurait aimé conserver une atténuation récupérable et transférable directement en sortie vers le baffle d’origine. Ici, il faudra systématiquement passer par les amplis intégrés pour faire bouger vos baffles.

Un rendu incroyable

Nous avons intégré le Reload II à notre studio pendant quelques semaines et lui avons présenté les amplis que nous avons utilisés sur cette période. Au menu, une tête Fender Bandmaster Blackface, une tête Hiwatt des seventies, une Tête Rivera RB1-M des eighties, ainsi qu’un combo Deltone basé sur un Deluxe 5D3. Difficile de faire plus éclectique. Nous devons signaler l’extrême qualité du signal récupéré en sortie ligne. La tâche serait ardue pour faire plus dynamique et fidèle en termes de comportement. Bien évidemment, nous avons appliqué des simulations de baffle via Genome (et via son ancêtre Wall Of Sound que nous utilisons encore) pour retrouver la couleur normale des amplis. La licence Wall Of Sound est livrée avec nombre de baffles capables de couvrir l’essentiel de nos besoins. Si, pour tout ce qui est grosse saturations, crunches très rock, et globalement tout ce qui est british, nous avons eu de quoi faire et avons très vite retrouvé nos petits, tout ce qui a trait à l’esthétique Fender était un peu en retrait. Heureusement, une simulation de Jensen C12K est présente et a fait l’affaire, mais il est vrai qu’il nous a manqué un HP Alnico, comme ce qu’on trouvait chez Fender ou Gibson dans les années 50 et qui a défini une partie du son du rock et du blues des origines. Il est toujours possible d’acheter des réponses supplémentaires, soit chez Two notes via leur site très bien fichu ou via des éditeurs tiers pour pallier ces manques. En tout cas, difficile de ne pas apprécier la musicalité que la prise de son via Reload II offre par rapport à des simulations tout logiciel. Nous avons notamment pu jouer du potard de la guitare et retrouver du clean sur une tête poussée dans le rouge, chose très difficile à reproduire fidèlement via un simulateur tout informatique. Les joies du presque tout analogique en somme. Nous avons branché nos deux baffles Fender Supersonic 212 pour tester la partie ampli de puissance : c’est redoutable, surtout avec un petit processeur Eventide dans la boucle d’effet. L’ampleur et la profondeur du son de notre tête Rivera étaient presque identiques à ce qu’on obtient en la branchant directement sur les baffles (elle est stéréo…), sauf qu’on pouvait profiter d’une sortie ligne via la charge fictive, chose impossible avec la seule sortie ligne de l’ampli d’origine. Nous avons aussi testé des configurations wet / dry et wet / dry / wet (en utilisant la sortie baffle auxiliaire de l’ampli). Certes, dans ce dernier cas, on perd l’atténuation sur le son dry, mais quelle ampleur sur le wet ! Évidemment, les configs stéréo classiques sont possibles et on conserve tout de même un centre pas trop évanescent. Le Reload II n’est pas un outil à mettre entre toutes les mains, mais la plupart des pros sauront exactement quoi faire de cette boîte magique, somme toute austère, mais terriblement bien conçue. Elle sera forcément décevante pour les amateurs qui cherchent un produit plug and play, mais une fois entre de bonnes mains, c’est de la dynamite. •

Les plus : Le concept, la réalisation parfaite, la charge fictive active, la puissance du routing, l’ampli intégré, la licence Genome offerte, la possibilité de le transformer en rack, le fonctionnement stéréo. 
Les moins : Pas de sortie directe HP après la charge d’atténuation, choix d’IR un peu partial dans la licence Genome mais tout à fait adapté à une musique rock ou metal.
Fabricant : https://www.two-notes.com/en/
Distributeur : https://www.fillingdistribution.com/

Introducing Torpedo Reload II