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N°150

TEST : Kramer Guitars Volante Quilt HSFR

KRAMER GUITARS  Volante Quilt HSFR

Classe, confort et puissance

©Gibson

Sous l’égide du groupe Gibson Brands depuis 1991, Kramer a repris vie au milieu des années 2000 et représente un peu aujourd’hui l’espace récréatif du géant américain. En effet, il est difficile pour une marque historique telle que Gibson de trop s’éloigner des standards et de nous servir autre chose que l’esthétique et la philosophie qui ont forgé son histoire, et d’ailleurs, les anciens s’en souviendront, les seules fois où Gibson s’est risqué sur le terrain de la Superstrat avec des modèles pourtant excellents, le succès n’avait pas été retentissant (les échecs de la U-2 en 1989 et de la M-III en 1991). Mais avec le pavillon de Kramer, une marque qui a contribué à faire briller le heavy metal et le glam dans les 80’s, cette malédiction est levée et absolument tout devient possible.

MODERN STYLE

Chez Kramer se côtoient plusieurs collections : la collection Original, tournée vers l’ADN de la marque avec des modèles comme les Baretta et les Pacer, qui ont fait ses beaux jours en leur temps, mais également la The 84 (évoquant les Kramer jouées jadis par un certain EVH) ; la collection Historic, comprenant des rééditions de modèles historiques avec une touche vintage ; la série Modern dont est issue la nouvelle Volante. Le reste de la gamme se partage entre les modèles Artist et Custom Graphics Collection (avec des finitions outrageuses qui font saigner l’oeil). Comme nous allons le voir, la Volante Quilt HSFR est un instrument qui tient toutes ses promesses, résolument ancrée dans le présent, mais chargée de toute l’histoire et du savoir-faire qui ont forgé le mythe Kramer.

©Gibson

SUPERSTRAT CÔTÉ CHIC

Pas besoin de tergiverser, la Volante Quilt HSFR nous met directement le nez dans la choucroute : nous sommes au coeur de l’univers de la Superstrat vue au travers du prisme de Kramer, sauf que cette fois, le look tape-à-l’oeil façon Sunset Strip n’a pas été convié à la « rock’n’roll party ». La guitare arbore au contraire une finition sobre et luxueuse nettement plus alignée avec le standard actuel. Le corps en aulne reçoit un placage de table en érable ondé AAAA du plus bel effet. Ce placage, moins noble car moins épais qu’une véritable table rapportée, permet de conserver un look agréable sans alourdir l’instrument et surtout sans faire grimper son prix. C’est en partie ce qui explique le tarif contenu de la guitare, sans trop faire de concessions sur le reste. Le manche arbore le profil Elliptical C de Kramer qui, pour simplifier, est un Modern C encore plus ergonomique et tombe parfaitement bien sous une main normalement constituée. Il est fait de trois pièces d’érable torréfié et reçoit une touche en ébène. Évidemment, étant donné l’attitude ici présente, nous disposons de 24 cases et d’un radius compensé. Le repérage visuel sur la touche se fait grâce à de petites incrustations en forme de losange (ou de diamant).

HIGH-TECH ET FIABILITÉ

Mais la plus grande innovation sur cette guitare, qui ne saute pas aux yeux de prime abord, c’est la jonction corps / manche bien particulière. Contrairement à la plupart des guitares à manche vissé, la Volante propose cinq points de fixation au lieu de quatre, ce qui permet d’assurer une fixation beaucoup plus stable en réduisant le risque de jeu ainsi que la taille du talon, afin d’autoriser un très bon accès aux notes aiguës. À notre humble avis, le choix d’inserts au lieu de vis aurait sans doute optimisé encore davantage l’histoire, bien que la Volante profite également du nouveau système KeyLock qui améliore la stabilité du manche. En décodé, un tenon en forme de clavette intégré au talon du manche vient s’enficher dans une encoche parfaitement ajustée dans le neck pocket. Ce « puzzle » garantit un positionnement ultra-précis avant même le vissage. Le réglage du truss rod s’effectue très facilement, « à la Music Man », via une petite roue à la base du manche.

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GEARED TO KILL

Pour le reste, Kramer mise aussi sur ce qui a déjà fait ses preuves. Le vibrato est estampillé Floyd Rose (FR1000), un outil qui n’a plus rien à démontrer. De l’autre côté, un sillet bloque-cordes assure à la guitare une stabilité d’accord sans faille, même si on s’excite dessus comme un âne (ce que nous avons fait). Les six mécaniques alignées génériques sont de type Schaller Mini, une bonne façon d’avoir quelque chose de fiable tout en restant concurrentiel, sans forcément tomber dans les marques guindées. Côté bobines, Kramer a misé sur des micros maison fabriqués aux USA par le Custom Shop Gibson (on appréciera par rapport au prix), à savoir un humbucker Neptune en position chevalet et un simple bobinage Triton Noiseless en position manche (si vous préférez deux humbuckers, portez votre choix sur la Volante Quilt HHFR). On pilote le tout avec deux potards (volume et tonalité) et un sélecteur trois positions. Le Triton est un micro rail assez particulier doté d’une bobine fantôme assurant la réduction des bruits parasites. Et ça marche super bien !

LET’S ROCK’N’ROLL !

Lorsqu’on saisit la guitare, on peut en apprécier le poids, très proche d’une Stratocaster standard. On n’a pas l’impression d’avoir un jouet dans les mains, mais dans le même temps, nos épaules ne devraient pas trop souffrir lors d’une utilisation prolongée, surtout avec 68 – une bonne sangle. L’équilibre est parfait et les découpes rendent l’ergonomie très agréable. En position debout ou confortablement assis, on constate que l’instrument prend sa place naturellement. Côté manche, la relative platitude de la touche confère un jeu rapide, mais il est suffisamment large pour permettre aux gros doigts de parcourir les cordes avec plus de facilité. On est loin des manches des PRS, par exemple. Ici, les cordes sont nettement plus éloignées les unes des autres. On se rapproche davantage des sensations de jeu de certaines Jackson (la philosophie est peu ou prou la même). Le profil Elliptical C présente un plat qui favorise le jeu avec un placement du pouce académique sans pour autant entraver la position bluesy avec le pouce par-dessus le bord de touche.

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GUITARE MÉTALLEUSE ? OUI ET NON…

Le humbucker est du genre fâché avec un son agressif dès lors qu’on enclenche une saturation, mais il reste très équilibré, avec des aigus présents, mais pas envahissants, et des graves qui enveloppent sans assourdir. Comme tous les micros polyvalents, il manque un chouia de personnalité, mais on ne peut pas tout avoir. On pourra travailler le son à l’ampli ou à l’aide d’un égaliseur pour choisir d’accentuer les fréquences que l’on veut faire ressortir. Il s’agit donc davantage d’un parti pris que d’un défaut. Il se splitte via un push-pull sur le volume. Puisqu’on en parle, les potentiomètres ont la bonne idée d’être très progressifs et nuancés. Encore une fois, sur une gratte de ce prix, on apprécie le souci du détail. Le micro manche est sûrement l’élément le plus intéressant de la guitare niveau sonorité. Il délivre un son profond avec une bonne dose de brillant, pour un rendu classique, mais qui ne tombe pas dans la caricature. Avec un soupçon de crunch, vous avez le bonjour de « Little Wing ». Lorsqu’on joue avec la position intermédiaire, et le Neptune splitté, la rondeur domine et une belle palette de sonorités est à portée de main en jouant avec la tonalité.

WORKHORSE

Le maître-mot à retenir pour cet instrument, c’est la polyvalence. Le Floyd va donner à l’instrumentiste la possibilité de s’exprimer à l’extrême avec une tenue d’accord digne de ce nom. Le manche permet de shredder, mais reste suffisamment confortable pour un jeu plus pépère « en pantoufles ». Tout est possible, et c’est votre personnalité et vos besoins musicaux qui décident. Enfin, les micros permettent de tâter tous les styles de rock, du jazz au metal. Nous, on a une large préférence pour le Triton car c’est un micro qui possède une personnalité intéressante. Le Neptune, plus neutre, pourra éventuellement être remplacé si vos besoins ou vos goûts vous portent vers des micros aux sonorités plus affirmées.

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UNE VOLANTE PAS VOLÉE

Pour à peine plus de 1000 €, nous avons affaire à un instrument sérieux et fiable, idéal pour un débutant qui pourra envisager de ne pas changer de guitare lorsqu’il aura acquis davantage d’expérience, mais qui n’aura pas à rougir dans l’arsenal d’un guitariste expérimenté face à d’autres guitares coûtant le double, avec des options qui sont habituellement l’apanage de modèles haut de gamme. La Volante Quilt HSFR est livrée avec une housse luxe.

Les plus : Le prix, le look très réussi, la progressivité des réglages, le micro grave plein de caractère, la polyvalence.
Les moins : Micro aigu manquant un peu de caractère.
Contact : https://www.gibson.com/fr-eu/pages/kramer  
Prix :
1299€

Kramer Volante HSFR & MESA/Boogie Mark VII Head demo – ft. Doug Weiand