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N°140

Test flasback : ZVEX Machine

On a un peu tendance, ces temps-ci, à oublier Zvex, pourtant une des marques pionnières en matière de design d’effets boutique qui sortaient de l’ordinaire (là où Mike Fuller se contentait de reproduire des circuits connus en les améliorant). Si vous aimez les choses qui sortent des sentiers battus, la Machine va vous ravir. Voici une pédale qui va à peu près là où les autres ne sont jamais allées et qui, surtout, fonctionne mieux quand elle est combinée à ses congénères. Si tout ceci vous semble un peu vaporeux, on va vous l’expliquer.

Aride

Le look de la pédale est plutôt austère. Du noir, du blanc, le tout décoré à la main : on est typiquement dans ce que faisait Zvex à ses débuts et donc dans la gamme fabriquée à la main, contrairement à la Vexter Series, plus abordable mais moins exclusive. Le format est horizontal, avec les connecteurs sur les côtés, sauf l’alimentation au dos. Autant dire que ça ne va pas arranger les amateurs de boards bien organisés. Le boîtier métallique et les contrôles inspirent confiance, on connaît ça depuis des années : en général, les pédales Zvex n’encombrent pas les étagères des réparateurs. Trois potards seulement (c’est donc un de trop penseront certains) et c’est déjà compliqué de se repérer. Avec un peu de jugeote, on comprend que In est un gain d’entrée et que Out représente le volume de sortie. Pour ce qui est du potard Limit, c’est celui qui sera donc au coeur de notre dispositif, si ce n’est que le potard In joue un grand rôle dans l’histoire. La Machine fonctionne en produisant de la saturation non pas au niveau des pics d’attaque, comme toute fuzz, overdrive ou Prix constructeur distorsion qui se respecte, mais au niveau de l’alternance du signal quand ce dernier est à zéro (représentez-vous une courbe sinusoïdale qui alterne au-dessus et au-dessous de zéro). Tout ceci est bien joli, mais il est vrai que ça ne nous dit pas comment ça sonne.

Chaînez-la !

Jouée seule, la Machine laisse perplexe. Le son est assez déstabilisant : c’est agressif, mais ça retombe vite, ça a un petit côté Octavia, mais sans la brillance, et surtout ça semble assez aléatoire. Quand on joue un accord, c’est tout crapoteux. On se demande si la pédale est bien câblée. Oui, mais attendez. Comme nous vous le disions en intro, cette pédale est une sorte de révélateur. Placez une fuzz juste après (du style Big Muff Green Russian, un truc bien lourd et texturé) et écoutez la magie opérer. Sur les accords, c’est toujours étrange mais bien plus consistant et surtout en solo, ça devient totalement fou. Les harmoniques se croisent (un peu comme les effluves dans Ghostbusters si vous voulez) quand on fait un bend. Les doubles bends font entendre une espèce de dive-bomb en arrière-plan et le sustain devient vivant. Quand on éteint la pédale, on se rend compte que ça n’est plus aussi chantant et organique. En tournant le potard Limit à droite, on récupère du naturel et de la lisibilité. Assez unique dans le monde des pédales, cette Machine peut agacer ou enchanter, mais il est impossible qu’elle laisse indifférent. Une arme redoutable pour qui sait la manier, qui peut vous emmener très loin.