Edito
Après les Rolling Stones, AC/DC est, sans conteste, le plus grand groupe de rock’n’roll du monde, réunissant plus de trois générations de fans dans les plus grands stades de la planète. La dernière tournée des Australiens, le Black Ice Tour, a été la plus rentable de l’année 2010. Et ne parlons pas des ventes d’albums ! Le quintette a écoulé, à ce jour, plus de 150 millions d’albums. Un bel accomplissement pour un groupe qui a toujours été consciemment dénigré par les critiques de rock bien pensants et autres intellos de la musique. C’est sûr : avec leurs deux power chords qui se battent en duel et leurs textes potaches, passablement branchés cul et alcool, les cinq hobbits australiens (le plus grand ne dépasse pas le mètre soixante) ne risquent pas d’en imposer, face la pop prétentieuse et spleenante d’un Lou Reed, au hasard. Parce que, comme les bluesmen originels, la bande d’Angus et Malcolm Young façonne une musique d’ouvriers, de prolétaires. Une musique de pauvres, en somme. Avec eux, pas question de « flatuler » plus haut que son derrière, mais uniquement de permettre aux gens de se mettre les doigts dans la prise et d’oublier, deux heures durant, leur condition de « middle-class workers ». Ce petit miracle du rock’n’roll se produit à chaque fois qu’AC/DC débarque dans une ville, mais peut-être plus encore à Buenos Aires, où le groupe s’est arrêté trois jours de suite, pour capturer la matière de son nouveau DVD, Live at River Plate. Un vrai bonheur, cette galette ! Finalement, on se rend compte, qu’outre le fait de composer des morceaux de rock hallucinants, le pouvoir ultime d’AC/DC, c’est de canaliser la liesse populaire et de célébrer généreusement la vie avec ses fans, comme pendant un bon match de foot. Angus is god ! En parallèle et dans un autre contexte, merci à tous nos lecteurs, qui ont applaudi à nos bancs d’essai filmés en vidéo dans notre journal : nous leur promettons une moisson de super instruments dans ce numéro.
Numéro 45
6,30€