Edito

A l’heure où nous sommes à deux doigts d’envoyer ce numéro 133 chez l’imprimeur, nous nous effondrons en apprenant la disparition totalement subite et inattendue de Sylvain Luc, un véritable génie de la guitare contemporaine et plus largement de la musique dont la réussite à l’international était une immense fierté pour nous autres Français. Certains parlent littéralement la musique et érigent ce langage abstrait au rang d’art et de poésie, transformant le monde autour d’eux dès qu’ils se mettent à jouer, comme si l’instrument n’était qu’un prolongement de leur esprit, de leur cœur et de leur corps. C’était assurément le cas de Sylvain. Sa route musicale a été émaillée de bien belles rencontres, de Biréli Lagrène à Louis Winsberg, André Ceccarelli, Richard Galliano ou encore Richard Bona, Steve Gadd et le réalisateur Renaud Letang. Toujours partageur et prêt à transmettre le flambeau aux nouvelles générations, Sylvain avait accepté mon invitation pour contribuer à United Guitars, collection d’albums collaboratifs dont je suis l’initiateur et le réalisateur, partageant l’une de ses magnifiques compositions, « Grand Canyon II », avec la star montante du jazz Romain Pilon et apportant sa contribution à celle de Marwan Boulaïd, jeune espoir de la guitare jazz fusion, démontrant à toute l’équipe que le talent, même à son summum, peut rimer avec bienveillance et don de soi. Nous pensons à ses amis et collaborateurs proches, Jean-Marie Ecay, Alexandre Lacombe, Christian Pégand, et bien sûr à son épouse Marylise Florid, virtuose de la guitare classique avec laquelle il avait enregistré le magnifique D’une rive à l’autre en 2019, un album dont le titre semble aujourd’hui si prémonitoire. Nous continuerons d’écouter ta musique, Sylvain, et une chose est certaine, tu vas énormément nous manquer.

Ludovic Egraz