Hepcat Pickups – La Haute Couture “made in France” – GUITARE XTREME

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N°133

Hepcat Pickups – La Haute Couture “made in France”

Aujourd’hui, les marques de micros sont légion, mais en 2007, lorsque Stéphane Beaussart a créé Hepcat Pickups, il a été l’un des premiers à se lancer dans ce créneau en France. Chez Guitare Xtreme, nous avions découvert ce label spécialisé dans la reproduction de micros vintages (essentiellement Fender) grâce à notre ami André Duchossoir, avec lequel nous avons longtemps élaboré la rubrique Vintage Maniac, et cet obsédé du son des 50’s et des 60’s ne tarissait pas d’éloges quant aux bobines de cette petite entreprise. Récemment, Stéphane est parti vers de nouveaux horizons et a laissé les clés de la maison à Julien « Sully » Landat, passionné de musique et ancien guitar tech, qu’il a formé personnellement et auquel il a livré tous ses secrets. Sully tient donc aujourd’hui la barre du rafiot, le stetson bien vissé sur la tête, maintenant fermement le cap initié par l’ancien taulier, mais bien décidé offrir à Hepcat de nouvelles perspectives. Guitare Xtreme est parti à la rencontre du nouveau boss. Go !

Peux-tu nous résumer ton parcours « pré-Hepcat » ?
À la base, j’ai une formation commerciale et je me suis rapidement spécialisé dans la vente d’instruments de musique. J’ai commencé par le commencement, c’est-à-dire comme vendeur chez Rhythmic, un magasin qui était situé à Osny dans le 95. J’ai été formé par le patron, un guitar tech de formation qui a bossé avec beaucoup de guitaristes de la profession. J’ai ensuite travaillé au studio Covent Garden d’Eragny, un lieu de répétition et de résidence pour les groupes typés metal. En parallèle, j’ai commencé à exercer le métier de guitar tech avec des groupes de la scène parisienne, comme Bukowski ou Malemort. Au bout de quatre ans, le luthier Jonathan Berg (anciennement La Fée Guitares, ndlr) m’a donné le contact de Stéphane qui était à la recherche d’un apprenti. J’ai foncé !

Jusqu’à la récente passation de pouvoir…
Voilà ! Stéphane est retourné à sa carrière de psychologue. Plusieurs personnes pouvaient potentiellement reprendre Hepcat, mais il a préféré privilégier ma candidature, puisqu’il m’avait formé et transmis tout son savoir. D’ailleurs, avant de partir, il m’a donné toutes ses archives et nous restons en contact.

« Les aimants que j’utilise sont uniques à Hepcat. On ne les retrouve pas chez les concurrents et ils ne sont pas fabriqués en Chine. »

 

 

Tu t’es découvert une passion pour les micros avec Stéphane ?
À la base, j’étais à fond dans les guitares vintages, mais effectivement, Stéphane m’a transmis sa passion. Avec lui, j’ai pu étudier les évolutions de chaque micro de chez Fender, Gibson et Gretsch. Le domaine est vaste. Il y a eu tellement de déclinaisons de chaque micro au fil des années : du balbutiement du micro guitare jusqu’à la fin des années 70, chacune apporte un timbre et un caractère particuliers. C’est un métier passionnant et puis, je travaille aussi sur des pièces de collection.

D’ailleurs, on trouve des ouvrages concernant la lutherie, mais il n’y a rien sur les micros…
Non, parce qu’il y a des « secrets » que les fabricants de micros gardent précieusement. On connaît l’architecture de certains micros, mais pour d’autres, il faut vraiment être initié. Je pense au Gretsch Dynasonic, par exemple. Certains gros simples bobinages fabuleux des années 50 restent très difficile à reproduire aujourd’hui. Lorsque Stéphane a démarré Hepcat en 2007, il n’y avait personne à part Nicolas Mercadal et Benedetti, dans un créneau vraiment custom pour de la guitare de luthier. Stéphane a été le pionnier en matière de micro vintage et à l’époque, il n’existait aucune info, que ce soit pour la fabrication de reproductions ou pour la restauration. Il a su s’entourer de gens pointus, comme André Duchossoir, qui avait pu rencontrer la plupart des gens qui concevaient et fabriquaient les micros chez les marques historiques à la grande époque. Bien sûr, il a énormément appris en restaurant des micros sur des guitares vintages, des Nocaster, des Broadcaster. Réparer ces micros historiques dans les règles de l’art est l’un des domaines d’expertise de Hepcat.

Quelle est ta vision du futur pour Hepcat ?
Je vais pérenniser tout ce que Stéphane a construit, mais aussi développer mes propres kits. Le monde du vintage est vaste et il y reste beaucoup de micros qu’il n’a pas pu produire et commercialiser. Par exemple, j’ai eu l’idée de proposer un P.A.F. un peu plus costaud, le Fullbucker (qui est dans la tranche haute de ce que l’on pouvait rencontrer à l’époque), de faire du Mustang basse comme dans le style des années 70, des micros Staple, qui sont des P-90 avec des aimants bien particuliers que Gibson montait sur ses guitares à une époque, ou encore le Charlie Christian que je suis en train de développer.

« Off the record », tu m’as fait part d’un sacré scoop. On peut le lâcher aux Guitare Xtremistes ?
Allez, vous serez les premiers. André Duchossoir s’était longuement entretenu avec Seth Lover dans les années 70 et ce dernier lui a livré les specs du P.A.F. dans sa version proto de 1956. J’ai enfin réuni toutes les pièces pour le fabriquer. Lorsqu’ils ont sortis le P.A.F., ils ont été obligés de l’aseptiser un peu. Le proto de Lover possède un range monstrueux. C’est un micro puissant et sauvage, un peu trop pour l’époque. Il est assez bourrin, mais va faire triper les amateurs de vieux humbuckers.

Où sources-tu tes pièces ?
Pour le fil, je me fournis chez Elektrisola, comme tous les fabricants de micros. J’utilise du fil standard pour certains micros, mais pour d’autres, comme le set Strat 54, je leur commande un fil spécifique fabriqué selon mes propres specs. Chaque génération de Strat possède son fil spécifique et un Plain Enamel du début des années 50 n’est pas le même que celui que l’on trouve sur les micros de Serie L. La composition du fil est importante (charge de cuivre et de nickel), mais son diamètre également. Cependant, si le fil standard donne le bon son sur un micro donné, je l’utilise. Ce n’est pas le micro à proprement parler que l’on reproduit, mais le son de ce dernier. Ensuite, il y a les aimants, et là, j’ai ma propre crèmerie aux USA. Il s’agit d’une toute petite société qui a été fondée par un ancien de General Electric, qui était le fournisseur d’aimant de Fender. Les aimants que j’utilise sont uniques à Hepcat, on ne les retrouve pas chez les concurrents et ils ne sont pas fabriqués en Chine (rires).

« Je me suis intéressé aux années 80 en élaborant le humbucker Miami 80, parce que c’est en train de devenir le nouveau vintage. »

Ton nouveau micro « brown sound », le Miami 80, est-il un one shot ?
Je me suis intéressé aux années 80 en élaborant le humbucker Miami 80, parce que c’est en train de devenir le nouveau vintage et il y a une partie des musiciens qui recherche ce type de micro. Je ne m’engouffrerais pas trop loin dans ce créneau, qui est le terrain de Seymour Duncan ou DiMarzio. J’ai trouvé mon identité dans ce registre-là avec le Miami 80, parce que j’avais des infos de Stéphane, qui avait pu autopsier par pur hasard le micro de la Bumblebee d’Eddie Van Halen à Nashville et j’y ai mis ma patte également, notamment pour développer le micro manche. De même, j’ai travaillé dur sur l’architecture du micro pour éviter la microphonie, car je ne souhaitais pas le waxer afin d’ouvrir le son. Très peu de mes micros sont waxés, à part les repros de Fender et certains micros Gibson, comme les mini humbucker et les Firebird. NeoGeoFanatic est très satisfait du Miami 80. Il sonne très ouvert et garde un caractère vintage. Il faut un peu se battre avec.

Tu fabriques également des amplis…
Oui, la marque Deltone, que Stéphane avait créée juste avant de partir de Hepcat. Pour l’instant, il s’agit de reproductions d’amplis Tweed avec des composants NOS. À ce stade, la gamme comporte un Champ, un Princeton et un Deluxe. Je pense que je resterais dans le registre Fender. Ils sonnent exactement comme les anciens et nous pouvons proposer des améliorations, comme un treble bleed. Ainsi, les guitaristes qui jouent sur Telecaster ne se lacèrent pas les tympans. Nous utilisons des HP céramiques et de vieux tubes Mullard ou Sylvania de qualité exceptionnelle. L’ébénisterie en pin est made in France.

Tes projets immédiats ?
Le lancement du Miami 80, qui devrait bientôt être testé dans Guitare Xtreme, la refonte du site web de Hepcat, sur lequel je travaille avec Anthony Magro, et plein d’autres projets de rééditions de vieux micros que j’ai sur le feu. •

Pour acheter des micros Hepcat : 
Le site officiel de la marque : https://hepcatpickups.com/
La boutique Hepcat sur le site de The Guitar Division : https://theguitardivision.com/fr/builders/hepcat-pickups.html